11 août : 19° dimanche ordinaire

Jésus, le plus grand des coachs nous dévoile le secret d’un développement personnel et communautaire réussi !

Par Père Roger Hébert

Dans les librairies, dans les halls de gare, parmi les livres qui remportent le plus de succès, il y a tous ceux qui traitent de ce qu’on appelle, aujourd’hui, le développement personnel. Ces livres, écrits par des coachs, dont les diplômes sont plus ou moins reconnus, vont vous expliquer comment vous pourrez devenir toujours plus performants, comment vous pourrez offrir aux autres la meilleure version de vous-mêmes ! Je ne dis pas que cette littérature n’a aucun intérêt, je dis simplement qu’il faut se méfier car, dans les conseils qui sont donnés, tout n’est pas parole d’Evangile. En plus, ces conseils ont la fâcheuse tendance à vous mettre au centre de toutes vos préoccupations, il n’y a plus que vous qui comptez, vos performances, vos améliorations possibles. Nous, les chrétiens, nous ne sommes pas obligés de nous perdre dans toutes ces techniques puisque nous avons, en Jésus le meilleur des coachs et avec l’Evangile, le meilleur livre de développement personnel et communautaire qui n’est pas sujet aux critiques que j’émettais. Une petite précision, je ne suis pas en train de flinguer les coachs qui rendent bien des services à notre Eglise, mais c’est sur le développement personnel que j’émets des réserves.

Revenons donc à notre coach Jésus et au manuel de développement personnel et communautaire que sont les Evangiles. Nous continuons la lecture du discours sur le pain de Vie au chapitre 6 de l’Evangile de St Jean, lecture commencée il y a déjà 15 jours. Et c’est justement l’extrait entendu aujourd’hui qui a donné son titre à tout le discours et qui m’a inspiré cette introduction. En effet, dans la déclaration solennelle de Jésus introduite, comme toutes les déclarations solennelles par ces mots « Amen, amen, je vous le dis » nous trouvons 7 fois le mot vie ou son contraire, le mot mort et cela en 4 versets ! On comprend pourquoi le discours a été appelé discours sur le Pain de Vie. A tous ceux qui cherchent à être plus vivants, à vivre plus pleinement, à s’épanouir totalement, Jésus va donc livrer son grand secret de coach, c’est le Pain de Vie, autrement dit, l’Eucharistie.

Le don de l’Eucharistie est un don tellement grand, l’Eucharistie contient une telle puissance de vie que le Seigneur a avait voulu préparer nos cœurs à l’accueillir en faisant quelques annonces dans le Premier Testament. La plus célèbre de ces annonces, c’est le don de la manne, nous avions d’ailleurs lu ce texte la semaine dernière. La manne a été comme l’anticipation du Pain de Vie, puisque c’est le Pain que le Seigneur a donné à son peuple pour qu’il ne meurt pas dans sa traversée du désert. Mais la 1° lecture d’aujourd’hui nous a aussi livré une belle anticipation avec cet épisode dans lequel un ange viendra porter du pain au prophète Elie. L’Eucharistie dans une très belle hymne sera d’ailleurs appelé le Pain des anges, « panis angelicum ». Peut-être n’est-il pas inutile de dire un mot sur le contexte dans lequel Elie a été nourri par les anges, ça nous permettra de comprendre encore mieux pourquoi l’Eucharistie est le Pain qui fait vivre.

Elie a eu quelques déboires dans son ministère de prophète, je n’ai pas le temps de tout raconter, ceux qui ont participé à la retraite prêchée à l’occasion de Notre Dame du Mont Carmel, ont entendu tout cela ! Toujours est-il qu’à un moment, totalement découragé, il entre dans une espèce de profonde déprime spirituelle. Parce qu’il ne peut plus supporter sa vie, sans doute aussi parce qu’il ne peut plus se supporter lui-même et sans doute encore parce qu’il ne peut plus supporter Dieu, il cherche à mettre fin à ses jours en se laissant mourir. C’est là que le Seigneur intervient et que, par deux fois, il envoie un ange lui apporter ces galettes qui deviendront son Pain de Vie, le pain qui le gardera en vie, le pain qui lui redonnera le goût de la vie. Vous comprenez que c’est donc une très belle annonce, une très belle préfiguration de l’Eucharistie que le Seigneur nous donne comme Pain de Vie. Quand nous avons le moral dans les chaussettes, quand plus rien ne va, peut-être qu’un bon ciné ou un bon restau nous feront du bien, mais le mieux ne sera que très passager et ne fera que cacher notre misère un petit bout de temps.

Non, le remède, il est dans le Pain de Vie, dans l’Eucharistie. Cela je l’ai compris dans une homélie entendue au cours d’un voyage que j’avais fait, il y a bien longtemps en Afrique du Sud. Je vais résumer pour ne vous en donner que l’essentiel car il y a eu à la fois d’étonnants concours de circonstances et une belle mise en scène. Ce dont je me rappelle bien, c’est que cette messe était une messe de préparation à la 1° communion pour un groupe d’enfants.

Le prêtre allait commencer son homélie quand un enfant, qui devait s’ennuyer un peu dans cette longue messe africaine, sort une orange de son sac. Voyant cela, le Prêtre l’appelle et lui demande de lui donner cette orange. Et, grâce à cette orange confisquée, je vais entendre l’une des plus belles homélies sur l’Eucharistie !

Le prêtre montre l’orange aux enfants et leur demande : savez-vous ce qu’il y a dans une orange ? Les enfants répondent : de la peau, de la pulpe, des pépins, du jus. Il manque encore quelque chose, dit le prêtre, c’est alors qu’une petite main se lève et dit au prêtre : il y a aussi de la Vitamine ! Ah bon, dit le prêtre. Mais la vitamine, si je coupe l’orange, est-ce que tu la vois ? Non ! Répond l’enfant. Alors comment tu sais qu’il y a de la vitamine ? Parce que le docteur me l’a dit ! Et pourquoi tu crois le docteur qui te dit qu’il y a de la Vitamine alors qu’on ne peut pas la voir ? L’enfant répond : je sais que c’est vrai car à chaque fois que j’en mange une ça me fait du bien !

Très bien, dit le prêtre, il pose l’orange et va chercher une hostie sur l’autel et demande : et là-dedans, qu’est-ce qu’il y a ?  Les enfants répondent : de la farine, de l’eau. Et dans un moment, qu’est-ce qu’il y aura en plus dans ce morceau de pain ? Le même enfant répond : il y aura Jésus ! Si je coupe l’hostie, tout à l’heure, est-ce que tu verras Jésus, demande le prêtre ?  Non, dit l’enfant ! Alors comment tu sais qu’il va y avoir Jésus ? Parce que c’est vous qui nous l’avez dit ! Et pourquoi tu me crois quand je te dis qu’il y aura Jésus alors que tu ne le vois pas ? Parce ceux qui vont communier ils me disent que ça leur fait du bien ! Cette enfant avait déjà tout compris le discours de Jésus sur le Pain de Vie !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de pouvoir désirer plus que tout le Pain de Vie qui nous rendra toujours plus vivant, plus épanoui.