21 janvier : 3° dimanche temps ordinaire
Comme je le disais en introduction de la messe, ce dimanche est le dimanche de la Parole, ainsi en a décidé le Pape François vers la fin de l’année 2019. Il a demandé que chaque année, le 3° dimanche du temps ordinaire soit le dimanche de la Parole. Alors, on pourrait se demander pourquoi un dimanche de la Parole alors que la Parole on l’entend à chaque messe ! Oui, mais il y aussi un dimanche de l’Eucharistie, la Fête du Corps et du Sang du Christ qu’on appelait la Fête-Dieu avant, il y a un dimanche de l’Eucharistie alors qu’on célèbre l’Eucharistie chaque dimanche et même chaque jour. Dans le domaine profane, il y a un dimanche de la Fête des Mères alors qu’on aime sa maman chaque jour ! Nous sommes ainsi faits, nous risquons de nous laisser avoir par la répétition des événements, du coup nous avons besoin, de temps en temps, de donner un caractère particulier à ce que nous vivons de manière répétitive pour en retrouver le sens.
Et c’est bien le but de ce dimanche de la Parole. Oui, c’est vrai, la Parole, nous l’entendons à chaque messe, chaque office, dans cette répétition, nous risquons de ne plus nous étonner que Dieu nous parle. Parce que, quand même, c’est inouï que Dieu nous parle ! Imaginez, vous êtes au milieu de la foule, place St Pierre à Rome pour l’audience du Pape et, faisant le tour de la place en papamobile, il demande au chauffeur de s’arrêter et vous parle directement. Vous ne seriez pas peu fier de raconter cela à toutes vos connaissances : le Pape m’a parlé, oui, il m’a parlé à moi ! Eh bien, à travers la Parole, celui qui nous parle, il est encore bien plus grand que le Pape puisque c’est Dieu lui-même ! Seulement voilà, Dieu nous parle et ça ne nous fait pas plus d’impression que ça ! Dieu nous parle et nous écoutons distraitement parfois même nous ne sommes encore pas arrivés à la messe pour l’écouter ! Vous voyez qu’il est bien nécessaire qu’un dimanche par an, nous reprenions conscience de la chance que nous avons d’avoir un Dieu qui parle et même mieux d’avoir un Dieu qui nous parle, qui ME parle.
Ce dimanche de la Parole, le Pape a voulu qu’il soit célébré dans la proximité de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens parce que la Parole de Dieu, c’est le grand trésor qui unit tous les chrétiens. Savez-vous que depuis les années d’après-concile, vous pouvez aller dans n’importe quelle église catholique ou dans n’importe quel temple protestant, vous entendrez les mêmes Evangiles ? C’est merveilleux de réaliser que chaque dimanche, que vous soyez catholiques ou protestants, c’est le même Evangile qui va vous nourrir, vous interpeler, vous consoler. La Parole est bien ce précieux trésor que nous avons en commun. J’avoue bien humblement que je ne sais pas ce qu’il en est pour les orthodoxes que je connais moins.
Quand je commence à prêcher une retraite dont la Parole de Dieu sera forcément la colonne vertébrale quel que soit le thème que je développerai, je commence toujours à dire qu’avec la Parole de Dieu, le message se fait massage. Ce n’est pas de moi et je ne sais plus de qui c’est, mais je trouve ça tellement beau : le message se fait massage. Quand nous venons à la messe, c’est pour que le Seigneur nous fasse du bien, alors c’est tellement beau de réaliser qu’avec la Parole, le message se fait massage. C’est pour cela qu’il est trop dommage d’arriver en retard ou d’écouter distraitement la Parole, c’est une partie du massage qui est perdu, c’est une partie des bienfaits qui est totalement gâchée, quel dommage !
Certes, il y a des Paroles qui pourront venir appuyer là où ça nous fait mal, mais quand on va chez le kiné, il peut toucher des points sensibles qui nous font souffrir, mais s’il s’en occupe, c’est pour nous soulager. Ainsi en va-t-il avec la Parole, même quand elle semble dure, c’est pour notre bien qu’elle appuie là où ça fait mal. Et puis, il y aura tellement d’autres Paroles qui vont venir nous consoler, nous encourager, parfois c’est tellement fort qu’on a l’impression qu’elles ont été écrites juste pour nous ! Quand j’étais aumônier de prison, c’est ce que m’avait dit un détenu à qui j’avais donné une Bible, après une semaine, retournant le voir, je lui avais demandé si ce n’était pas très compliqué à lire, il m’avait répondu : pas du tout, ça parle de moi à toutes les pages ! Lui, il avait compris que le message se faisait massage même si quantité de Paroles venaient pour le redresser en soulignant tous les écarts de sa vie !
Alors justement que nous disait-elle la Parole entendue en ce jour ? Eh bien, je crois que si nous prenons la 1° lecture et l’Evangile qui, chaque dimanche, se font écho, ces textes nous parlaient de la puissance de la Parole.
Dans la 1° lecture, l’histoire de Jonas nous parle de la puissance de la Parole de Dieu. Jonas a été choisi pour annoncer à la ville de Ninive que ça va chauffer pour ses habitants, Dieu ne peut plus supporter ce qui se passe là-bas ! Mais vous connaissez l’histoire, Jonas n’a aucune envie d’y aller, il prend un bateau qui part à l’opposé pour être sûr de ne pas pouvoir accomplir cette mission qui ne l’enchante pas. La mer se déchaine, les matelots ont peur et interrogent les passagers pour savoir qui a pu mettre Dieu tant en colère et ils découvrent que c’est Jonas qui a fui la mission reçue de son Dieu. Ils le jettent par-dessus bord, une baleine l’engloutit et 3 jours après le recrache sur le rivage de Ninive. Il ne peut plus fuir ! Mais il ne va pas, pour autant, mettre beaucoup de cœur dans l’accomplissement de la mission. Il fallait 3 jours pour traverser Ninive, Jonas va bâcler le travail puisqu’en une seule journée, il l’a traversée ! Il a dû le faire en courant en espérant que personne ne comprendrait rien au message qu’il annonçait ! Il n’en est rien, tout le monde a compris et tous les habitants de cette ville de Ninive qui avait une sale réputation se convertissent. Puissance de la Parole de Dieu. Le prophète a beau bâclé le travail, accomplir sans cœur la mission, la Parole qu’il proclame, parce qu’elle vient de Dieu, va toucher tous les cœurs. Et manifestation suprême de sa puissance, elle finira même, à la fin, par toucher le cœur de ce prophète si récalcitrant !
Dans l’Evangile, la puissance de la Parole, on la voit encore de manière très nette. Jésus passe au bord du lac de Galilée, il voit deux pécheurs en train de préparer leurs filets, il les appelle : Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Le résultat est immédiat : Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. On pourrait penser que c’est un coup de chance, Jésus est tombé sur deux bonnes pommes ! Pas du tout, il avance, il en voit deux autres, il leur dit sans doute la même chose et le résultat est le même : laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite. Pourtant vous savez les pécheurs du lac, c’étaient des gars pleins de bon sens, ils n’allaient pas quitter tout ce qui faisait leur vie pour du vent. Mais la puissance de la Parole de Jésus est telle et sans doute aussi le regard qu’il a posé sur eux qu’ils se sentent comme irrésistiblement attirés. La Parole du Seigneur a l’effet d’un aimant surpuissant, ça n’a rien d’étonnant que sa Parole ait la puissance d’un aimant puisqu’elle est prononcée par celui qui est l’amour, par l’aimant le plus aimant !
Avons-nous déjà expérimenté cette puissance de la Parole du Seigneur ? Avons-nous déjà entendu, dans les lectures d’une messe, d’un office ou au cours de notre lecture personnelle des Ecritures, une Parole qui ait profondément touché notre cœur ? Vous savez, un peu à la manière des disciples d’Emmaüs qui reconnaissaient que leur cœur était tout brûlant quand Jésus leur parlait. Si nous ne l’avons encore jamais expérimenté, demandons, par l’intercession de Notre Dame de Laghet que le Seigneur nous fasse cette grâce pour que nous devenions des amoureux de sa Parole, désireux de la transmettre à tous ceux qui auraient tellement besoin d’entendre un message qui se fasse massage !