Le 22 septembre : Vendredi 24° semaine ordinaire
Dans la journée, si vous avez un peu de temps, relisez la 1° lecture, elle est pleine de très bons conseils ! Permettez-moi de souligner juste une phrase. Vous avez entendu Paul nous dire : la racine de tous les maux, de tous les malheurs, c’est l’amour de l’argent. Vous avez bien entendu, Paul ne dit pas que la racine de tous les malheurs, de tous les problèmes, c’est l’argent, il dit que la racine de tous les problèmes et de tous les malheurs, c’est l’amour de l’argent. L’argent, en lui-même, il n’est ni bon ni mauvais, ce qui va être déterminant, c’est l’usage que je vais en faire. Et je suis tellement triste de voir que tant de personnes qui ont beaucoup d’argent ne partagent pas ou pas suffisamment. Ceux qui ont de l’argent pourraient faire tellement de bien. Sans me mettre en avant, chaque mois, sur le petit salaire qui nous est attribué, je partage avec 3 familles qui sont en Afrique et que j’ai connes dans mes déplacements. Avec un peu d’argent reçu chaque mois, les parents peuvent assurer la subsistance de leurs enfants et avec un peu plus pour une famille, l’une des filles peut suivre des études supérieures. La racine de tous les maux, de tous les malheurs, de tous les problèmes c’est l’amour de l’argent. Ceux qui sont guettés par ce mal qui conduit au malheur, pour guérir, le moyen est simple, il suffit de partager un peu si l’on n’a pas beaucoup et beaucoup si on de gros moyens ! Le monde pourrait devenir tellement beau si tout le monde s’y mettait !
Quant à l’Evangile, c’est un très beau passage que nous venons d’entendre, pas long du tout, mais beau parce que riche d’enseignements. J’en ai retenu 3 que je voudrais vous partager.
1. Ça nous parait tellement banal que nous finissons par ne plus le remarquer, mais le début du texte nous rappelait que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Quand j’entends cette expression de Jésus qui passe dans les villes et les villages, qui parcourait le pays en long, en large et en travers, ça me fait toujours penser à un prêtre qui a beaucoup compté dans mon cheminement. Il est venu me chercher alors que je n’avais que 8 ans pour me proposer d’entre dans l’école apostolique qui préparait au petit séminaire, c’était, à l’époque, le cursus habituel pour ceux qui avaient exprimé le souhait de devenir prêtres. Et il m’a accompagné ensuite de nombreuses années, même après mon ordination. C’était un paysan dans l’âme et nous avions un très grand jardin qui permettait de nourrir toute la troupe de jeunes que nous formions. Non loin de l’école, il y avait notamment un grand champ de pommes de terre et, quand venait le moment de les ramasser, j’ai souvent donné un coup de main. J’étais toujours frappé de le voir passer le motoculteur pour les déterrer en passant un coup en long, un coup en large, un coup en diagonale et dans l’autre diagonale et recommençant ensuite en sens inverse. Pas un pied de pommes de terre ne pouvait être oublié grâce à sa persévérance et rares étaient les pommes de terre qui n’étaient pas déterrées !
Eh bien, pour moi, l’image de ce prêtre avec son motoculteur, c’est l’image de Jésus, labourant la terre de son pays non pas pour récolter, mais pour l’ensemencer de la Parole de Dieu. Et il l’a fait avec une telle persévérance que, comme j’aime le dire, il n’a pas dû y avoir beaucoup de mètres carrés de ce pays qu’il n’ait pas foulé. Il n’a pas dû y avoir beaucoup de personnes qui ne l’ont pas croisé, entendu annoncer le Règne de Dieu. Puissions-nous avoir la même persévérance que Jésus pour annoncer, en paroles mais aussi et surtout en actes, à tous ceux que nous rencontrons la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu en appliquant cette belle parole de St François de Sales : Ne parle de Dieu que lorsqu’on t’interroge, mais vis de manière à ce qu’on t’interroge souvent !
Le 2° enseignement que je retiens de ce texte concerne la manière d’être avec Jésus. Dans les quelques versets de cet Evangile, deux groupes sont mentionnés : les apôtres et les femmes, ce jour-là, il y en avait 3, mais il a pu y en avoir d’autres à d’autres moments, à la croix par exemple.
Le même Evangile de Luc, un peu plus loin, nous parlera d’un autre groupe que Jésus va instituer, ce sont les 70 disciples (Luc 10). Et bien sûr, il y aura les foules, ce groupe à géométrie variable qui, à certains moments, suivra également Jésus. L’enseignement que je tire de ce fait, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde auprès de Jésus. Il ne s’est pas choisi une cour de privilégiés qui auraient été les seuls à pouvoir l’approcher, écouter ses enseignements ou le suivre. Près de Jésus, il y a de la place pour tout le monde, mais tout le monde n’aura pas la même place et chacun sera à la bonne place ! Les 12 apôtres auront eu une manière unique de suivre Jésus, les femmes vivront une autre manière tout aussi unique de le suivre, de même pour les 70 ou les foules. Il faut vraiment insister pour dire que dans ces différentes manières de suivre Jésus, il n’y en a pas une qui serait meilleure, plus honorifique. Chacun est à sa place, à la bonne place puisque c’est la place que Jésus lui a donnée et lui, il savait tenir compte des charismes et des désirs de chacun pour trouver cette bonne place, il savait respecter le cheminement de chacun.
J’insiste sur ce point parce qu’il est assez déterminant. Jamais dans l’Evangile, on ne voit les 70 ou les femmes ou les foules organiser un putsch pour tenter de prendre la place des apôtres ! Du moment que chacun savait qu’il avait sa place, chacun aimait rester à sa place.
Notre Eglise serait forcément plus belle si chacun pouvait trouver sa place. Il y a encore trop de personnes qui, à tort ou à raison, pensent qu’elles n’ont pas leur place. Vous savez que cet été, au cœur des Journées Mondiales de la Jeunesse, le pape François est allé à Fatima. Il a parlé aux pèlerins depuis une chapelle qui n’avait pas de porte et ce détail l’a inspiré. Il a dit que c’était un merveilleux symbole pour l’Eglise qui devrait justement être une maison sans porte pour que Tous, tous, tous. Sans exclusion. Il a martelé ces mots : Tous, tous, tous. Sans exclusion trouvent leur place. Dans cette perspective, les sanctuaires sont des lieux bénis où tout le monde peut venir et la Vierge Marie qui est la maitresse de maison de nos sanctuaires veille, comme une bonne maman, à ce que chacun de ses enfants se sente accueilli.
Le 3° enseignement que je tire de ce texte d’Evangile concerne justement la place de ces femmes de l’Evangile. Il nous est dit que ces femmes servaient Jésus et le groupe apostolique en prenant sur leurs ressources. Alors, en entendant cela, certains esprits mal tournés, mais il ne doit pas y en avoir ici, pourraient dire : tu parles d’une place, elles sont les boniches des bonhommes et, en plus, elles doivent les entretenir financièrement ! Oui, ça, c’est pour les esprits mal tournés, mais pour ceux qui lisent sérieusement l’Evangile, ils entendent que ces femmes assuraient la diaconie. Le verbe servir, en grec, il se dit « diakoneô » et il a donné le mot diacre. C’est par ce verbe « diakoneô-servir » que Jésus a voulu définir le sens de sa mission : je suis au milieu de vous comme celui qui sert, dira-t-il. (Lc 22,27) Ou encore : je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir. (Mc 10,45) Je ne ressemble donc jamais autant au Christ que lorsque j’accomplis le service ou, dit en grec, la diaconie. Peu importe ce qui m’est demandé, peu importe le service que j’accomplis, peu importe s’il est discret ou bien visible, ce qui compte, c’est que je vive cette diaconie, ce service, comme ma manière unique de répondre à l’appel du Christ en étant persuadé que c’est l’accomplissement de ce service qui m’unira le plus profondément au Christ.
Que Ste Marie-Madeleine, Ste Suzanne et Ste Jeanne, ces femmes qui suivaient et servaient intercèdent pour nous afin que nous sachions tenir notre place, toute notre place sans empiéter sur la place des autres, sans jalouser sur leur place. Que Notre Dame de Laghet veille sur tous ses enfants afin que, selon les paroles du pape : : Tous, tous, tous. Sans exclusion puissent trouvent leur place dans l’Eglise et recevoir les grâces dont ils ont besoin.