Bonne nouvelle : la mère et les frères de Jésus sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique !

Le 26 septembre : mardi 25° semaine ordinaire

Par Père Roger Hébert

 

Dans cette homélie, je voudrais commencer par dire quelques mots des deux saints que nous fêtons aujourd’hui, puis je soulignerai un point concernant la 1° lecture et m’arrêterai un peu plus sur l’Evangile.

Quelques mots, donc, pour présenter les deux saints que nous fêtons aujourd’hui, St Côme et St Damien. Dès le Ve siècle, on va trouver, en Orient et à Rome, des basiliques, des oratoires, de hôpitaux qui portent leurs noms. Il est très vraisemblable qu’ils soient morts ensemble pour la foi dans la ville de Cyr en Syrie. Peut-être même étaient-ils frères, selon ce que dit la légende. Venus d’Arabie pour exercer la médecine, ils soignaient les pauvres, délivraient les énergumènes, rendaient l’espoir aux pessimistes et la joie aux mélancoliques. Le gouverneur Lysias qu’ils avaient soigné, les condamna cependant à d’horribles tortures puis à être décapités puisqu’ils étaient chrétiens. C’est un peu le scénario de la condamnation de Jésus qui se rejoue. Dans la foule de ceux qui, excités par les responsables religieux ont crié : à mort, crucifie-le, on peut imaginer qu’il y avait un certain nombre de personnes qui avaient bénéficié des bienfaits de Jésus, peut-être certains avaient-ils été guéris, d’autres nourris à la multiplication des pains, que sais-je encore. Et voilà que, subitement, ils se retournent contre leur bienfaiteur en demandant qu’on l’exécute. Nous connaissons la suite, Jésus va prier pour ceux qui le mettront à mort et implorer, pour eux, le pardon de Dieu. Oui, c’est bien le même scénario qui se rejoue avec Côme et Damien qui seront exécutés par celui qu’ils avaient soigné et guéri ! Mais, alors, comme c’est le même scénario qui se rejoue, on peut imaginer qu’ils ont été jusqu’au bout dans l’imitation de Jésus-Christ en pardonnant à ce bourreau à qui ils avaient pourtant fait tant de bien. Qu’à leur intercession, nous recevions cette grâce de pouvoir, nous aussi, pratiquer l’imitation de Jésus-Christ sans nous arrêter en chemin. Et puisqu’ils sont les saints patrons des médecins, qu’ils intercèdent pour ceux et celles qui pratiquent ce beau et difficile métier. Tout au long de ce jour, portons-les dans notre prière puisque nous avons si souvent recours à eux.

En 1° lecture, cette semaine, nous lisons des passages des livres d’Esdras, Agée et Zacharie. Ces livres ont un point commun, ils nous parlent de la fin de cette terrible période de l’Exil et du retour à Jérusalem envisagé, un temps, comme un retour triomphal et qui se révèlera bien plus compliqué que prévu … mais ça, ce sont les lectures de la semaine prochaine qui l’expliqueront ! Esdras qui était un prêtre-scribe, dans le passage que nous avons entendu nous livre cette décision étonnante du roi de Perse, Darius, qui non seulement autorise la reconstruction du Temple mais qui décide de la financer ! Un peu d’histoire pour comprendre cette décision étonnante. L’élite du peuple juif avait été déportée à Babylone par les Assyriens qui avaient réussi à imposer leur domination sur le pays des juifs. En 539 avant Jésus-Christ, les assyriens vont perdre leur domination sur toute cette région, ils sont vaincus par un roi Perse, Cyrus qui ordonnera assez vite la fin de la déportation, rendant possible le retour au pays. A la mort de Cyrus, c’est Darius qui lui succède et qui va donc continuer et même amplifier la politique de son prédécesseur en autorisant et finançant la reconstruction du Temple. De cette histoire, nous pouvons tirer deux conclusions :

  • La nuit n’est jamais définitive, les périodes sombres finissent toujours par laisser place à des périodes plus tranquilles. Il suffit d’un changement d’homme pour que ce qui paraissait impossible le devienne. Rappelons-nous l’arrivée de Gorbatchev en URSS qui a ouvert la porte à une profonde réforme du communisme jusqu’à son écroulement. Les périodes sombres peuvent durer, elles ne seront jamais définitives, c’est un grand motif d’espérance pour tous ceux qui, de par le monde, vivent dans des dictatures.
  • Dieu est capable de se servir de tous les hommes de bonne volonté. Pas plus Cyrus que Darius n’étaient des croyants, ils croyaient à leurs divinités mais pas en Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Mais ils étaient de bonne volonté et Dieu a fait en sorte que leur bonne volonté puisse servir ses desseins. C’est pour cela, qu’un jour, Jésus, dira : celui n’est pas contre nous est pour nous. Mc 9,40. Ne classons pas trop vite les personnes en disant : celui-ci est des nôtres, il va à la messe, celui-là n’en est pas car il n’y va pas !

Celui n’est pas contre nous est pour nous. C’est pour cela que les papes adressent toujours leurs encycliques aux responsables de l’Eglise, aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté car il en existe partout.

Venons-en à l’Evangile, un Evangile dans lequel nous pouvons avoir du mal à comprendre la réaction de Jésus. Le texte nous dit : la mère et les frères de Jésus vinrent le trouver, mais ils ne pouvaient pas arriver jusqu’à lui à cause de la foule. D’abord un mot pour évoquer et répondre à cette question : qui peuvent bien être ces frères de Jésus puisque nous croyons que Marie est restée toujours vierge ? Deux réponses possibles :

  • Nous savons qu’en Orient dire à quelqu’un « mon frère » alors qu’on n’est pas frères, c’est pratique courante. Cette appellation de frères sous-entend un lien d’amitié, d’affection, peut-être un cousinage, mais pas forcément plus.
  • Et puis, il y a une autre hypothèse développée par certains écrits apocryphes, c’est que Joseph était veuf quand il a rencontré Marie, ayant des enfants d’un premier mariage. Pourquoi pas ? Ça ne va pas du tout à l’encontre de la foi. Dans ces conditions, les enfants de Joseph étaient les demi-frères de Jésus. Dans ces conditions, on comprend alors que, plus sieurs fois, dans l’Evangile, soient évoqués les frères de Jésus.

Mais là n’est pas le plus important dans ce texte.

Le plus important, c’est sûrement ce qui nous est le plus difficile à entendre ! Nous avons l’impression que Jésus ne fait aucun cas de ses frères et de sa mère, à leur demande, il répond : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. » On aurait envie de dire à Jésus : tu n’es pas très gentil avec ta maman qui a pourtant renoncé à tout pour te permettre d’accomplir ta mission, tu pourrais avoir plus d’attention à son égard d’autant plus que ce n’est pas souvent qu’elle te demande une petite rencontre ! A propos de cette parole qui nous interroge, je voudrais faire deux remarques :

  • La 1°, veut souligner que, pour Jésus, désormais, il y a un lien plus fort que le lien du sang, le lien familial, c’est le lien de la foi et voilà pourquoi ceux qui se consacrent au Seigneur ne feront plus passer en 1° le lien du sang dans leurs priorités. Ça ne veut pas dire que nous le dédaignons, mais ce n’est plus à ceux avec qui nous sommes unis par le lien du sang que nous passerons le plus de temps. Cette parole de Jésus est donc une bonne nouvelle pour nous ! Parce que ce lien de la foi, nous le partageons avec Jésus qui nous considère donc comme ses frères et sœurs. Si, seul le lien du sang avait compté, nous ne pourrions pas être des proches de Jésus, mais par ce lien de la foi, c’est devenu possible.
  • La 2° remarque, c’est que dans cette parole de Jésus, il y a sans doute le plus beau compliment que Jésus ait adressé à sa mère : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. » En effet, il n’y en a qu’une qui écoute vraiment la Parole et qui la met totalement en pratique, c’est Marie, précisément parce qu’elle a été préservée du péché originel.

Alors, tout au long de ce jour, comportons-nous dignement en étant conscients du privilège que Jésus nous accorde de nous considérer comme ses proches. Que Notre Dame de Laghet nous obtienne la grâce de pouvoir mener une vie en cohérence avec notre identité profonde.