Le 6 octobre : vendredi 26° semaine ordinaire
Le passage que nous avons entendu, tiré du livre de Baruch, est vraiment très beau, ce grand examen de conscience ne peut que nous toucher ! Qu’est-ce que reconnait Baruch, au nom de tout le peuple ? Eh bien, c’est redit par 3 fois dans le texte : nous avons désobéi, nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu. La formulation est étonnante parce que, finalement, dire qu’on a désobéi revient à dire qu’on n’a pas écouté. Un bon prof de français, lisant cette phrase dans une copie d’élève, prendrait son stylo rouge et écrirait en gros : répétition ! Vous le savez, le verbe obéir vient du latin : ob-audire et audire, c’est écouter. Désobéir, c’est le contraire et ça signifie donc ne pas écouter.
Nous avons désobéi, nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu, si Baruch a tenu à écrire cette formule, c’est donc pour bien mentionner que le péché des péchés, c’est de ne pas écouter la voix du Seigneur. C’est ce péché-là qui sera à la racine de tous les autres, tous les autres péchés découleront de ce péché fondamental. C’est bien pour cela que lorsque Dieu donnera les 10 Paroles de vie, il commencera par dire : Ecoute Israël. S’il n’y a pas cette attitude fondamentale d’écoute du Seigneur, rien ne marchera tout sera vicié. J’insiste parce que ça veut dire que si on veut s’améliorer, si on veut se convertir, ce n’est pas en faisant des efforts sur tel ou tel des commandements qu’on y parviendra. Ce qui sera déterminant, c’est de retrouver et de cultiver l’écoute du Seigneur. Alors, certains pourront dire : mais moi, je n’entends jamais le Seigneur me parler directement ! Je pense que nous pourrions à peu près tous le dire ! Ce qu’a vécu St François devant le crucifix de la chapelle de San Damiano est assez rare ! Il a entendu distinctement une voix qui lui disait : rebâtis mon Eglise … entendre ce genre de voix n’est pas si fréquent. Il n’y a guère que Don Camillo qui entendait Jésus lui parler sans arrêt … mais c’est de la littérature qui est devenue du cinéma, ce n’est donc pas la réalité !
Pourtant Dieu parle ! Alors comment parle-t-il ? C’est important de le comprendre si nous voulons l’écouter et donc ne pas lui désobéir et subir ensuite toute une série de conséquences catastrophiques. Car il est bien clair que si nous ne l’écoutons pas, ce n’est pas Dieu qui va punir, mais nous allons payer la conséquence de nos actes. Si on me dit de ne pas mettre ma main dans l’eau bouillante et que je la mets quand même, si je désobéis, ce n’est pas Dieu qui va me punir mais mon acte de désobéissance me conduira à l’hôpital !
Alors comment Dieu parle ? La Tradition a repéré deux grands livres à travers lesquels Dieu va nous parler : il y a le livre des Ecritures et le livre de la nature. Je commence par là et je développerai ensuite quelques autres moyens que Dieu peut utiliser pour me parler.
- Commençons par le livre des Ecritures. C’est trop évident que Dieu parle à travers ce livre puisqu’on l’appelle justement le livre de la Parole de Dieu.
Alors, si j’ai l’impression que Dieu ne me parle pas, que je ne sais pas comment faire pour entendre sa voix, c’est peut-être parce que je n’ouvre pas assez ce livre, que je ne suis pas assez attentif quand j’écoute cette Parole à la messe, dans les offices. Une bonne manière de nous mettre en état d’écoute, c’est d’invoquer le Saint-Esprit avant de lire ou d’entendre la Parole. Le père Cantalamessa aime dire que lire la Bible sans invoquer l’Esprit-Saint équivaut à ouvrir un livre dans l’obscurité !
- L’autre livre à travers lequel Dieu va nous parler, c’est le grand livre de la nature. La marque du Créateur éclate dans sa création. La bienveillance du Créateur se lit dans la création. Le pape François ne cesse de nous appeler à devenir plus attentifs à la Parole que Dieu veut nous faire entendre à travers la création. Il l’a écrit dans Laudato Si qu’il vient de compléter par Laudate Deum. Et nous comprenons l’urgence qu’il y a à écouter le cri de la création qui transcrit la plainte du Seigneur devant son œuvre saccagée.
Mais il y a encore d’autres moyens que le Seigneur va utiliser pour nous parler et que je veux évoquer rapidement.
- C’est d’abord la voix de notre conscience, cette petite voix qui se fait entendre souvent discrètement mais quand même distinctement pour nous dissuader de faire ceci pour nous encourager à faire cela. Evidemment, cela suppose que nous ayons une conscience bien formée !
- Il y a encore les événements de notre vie par lesquels le Seigneur nous parlera en nous faisant expérimenter de grandes joies liées à tel type de comportement et de grandes tristesses liées à tel autre type de comportement.
- Il y a les autres, ces frères et sœurs que le Seigneur met sur notre chemin et qui vont nous lancer des appels, nous faire des remarques, nous prodiguer des encouragements … autant d’occasions d’entendre la voix du Seigneur !
- Enfin, il y a ce qu’on appelle ces « motions du Saint-Esprit » qui ressemblent un peu à ce que St François a pu entendre, mais c’est une voix très intérieure par laquelle je vais, par exemple, me sentir poussé à appeler telle personne qui me dit : c’est étonnant que tu m’appelles maintenant parce que, dans ce moment, j’avais tellement besoin d’entendre quelqu’un de bienveillant !
Comme vous le voyez, le Seigneur ne manque pas de moyens, de canaux, par lesquels il cherche à nous parler, soyons donc attentifs à bien l’écouter pour ne pas lui désobéir car, comme le disait Baruch, puisque toutes ces désobéissances entrainent tellement de difficultés, de problèmes. C’est pour fuir tout brouillage de l’écoute du Seigneur que St Bruno a choisi la voie si radicale du désert de la Chartreuse, alors, bien sûr et c’est trop évident, nous ne sommes pas tous appelés à le suivre sur ce chemin si escarpé, mais nous sommes, par contre, tous invités à écouter la voix du Seigneur.
C’est ainsi que nous ne tomberons pas sous le coup du reproche que Jésus adresse, dans l’Evangile, à un certain nombre de villes qui ont fait la sourde oreille au message de conversion qui leur était envoyé. En fait, elles ont plus fermé les yeux que fait la sourde oreille, mais, finalement, ça revient au même ! Et Jésus va conclure cet appel vigoureux par ces paroles qui ne manquent pas de nous interpeler : Celui qui vous écoute m’écoute ; celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé ! C’est-à-dire que, de même qu’il est le Porte-Parole de son Père, il fait de nous ses porte-paroles précisant qu’il sera grave de ne pas écouter ses porte-paroles. Mais du coup, avant de faire l’examen de conscience de ceux qui ne veulent pas nous écouter, faisons le nôtre en nous demandant si nous parlons toujours avec la conscience d’être les porte-paroles du Seigneur. Nos paroles sont-elles empreintes de son amour qui n’est jamais un amour à l’eau de rose ? Que Notre Dame de Laghet intercède pour que nous écoutions la Parole du Seigneur et que nous sachions la relayer pour nos frères.
dentité profonde.