1° octobre : 26° dimanche ordinaire
J’aime bien dire que la 1° lecture et l’Evangile, il faut les écouter « en stéréo » parce que ces deux textes se répondent, se complètent toujours, ce qui n’est pas le cas avec la 2° lecture où les liens sont toujours moins évidents. Aujourd’hui, si nous appliquons la consigne, alors ça devient particulièrement saisissant ! Vous avez entendu ce que le Seigneur disait par la bouche du prophète Ezéchiel : Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Et dans l’Evangile, nous aurons la confirmation que cette parole est bien vraie, ce n’est pas la conduite du Seigneur qui est étrange, c’est bien la nôtre. En effet, dans cette petite parabole, ce sont les deux fils qui ont une conduite étrange : il y en a un qui dit « oui » quand son père lui demande un coup de main mais qui n’y va pas et l’autre qui dit « non » et qui finira par y aller. C’est bien vrai, ce n’est pas Dieu qui est compliqué, ce sont les hommes, il faut arriver à les suivre avec toutes ces paroles prononcées de manière si peu fiable.
C’est vrai que, souvent, nous faisons des reproches au Bon Dieu… au moins en pensée. Nous l’accusons de très mal s’y prendre. Nous faisons des prières pour demander tant de choses qui nous semblent bonnes et nos prières ne sont pas exaucées. Alors, selon les mots d’Ezéchiel, nous nous rebellons contre Dieu en disant ou en pensant : ta conduite, Seigneur, n’est pas la bonne ! Mais combien de fois par jour, le Seigneur pourrait nous répondre : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la tienne ? Nous nous levons le matin avec plein de bonnes résolutions et nous nous couchons le soir avec tant de ces résolutions qui sont comme neuves tellement nous les avons peu usées ! C’est sans doute la 1° leçon que nous pouvons tirer de ces textes : avant d’accuser Dieu de mal s’y prendre, examinons-nous d’abord pour savoir si nous, nous sommes parfaitement cohérents en tout et toujours ! Et quand nous ne comprenons pas la manière d’agir du Seigneur, ne soyons pas orgueilleux en l’accusant comme si nous, nous saurions parfaitement ce qu’il faut faire en toute situation et pour tout le monde ! Avec plus d’humilité, prions le Saint-Esprit pour qu’il nous aide à comprendre et demandons-lui surtout la lumière pour continuer de marcher dans la confiance sur nos chemins de vie quand ils sont envahis par le brouillard.
Le Seigneur préfère les actes aux belles paroles !
Une deuxième leçon que nous pourrions tirer, c’est que le Seigneur préfère les actes aux belles paroles ! Les deux fils de la parabole ne sont exemplaires ni l’un ni l’autre, il aurait été préférables qu’ils disent oui et qu’ils aillent travailler. Mais, ni l’un ni l’autre, ne l’a fait, cependant, il y en a un qui est quand même meilleur que l’autre et les auditeurs de Jésus ne s’y trompent pas. A la question de Jésus : Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondent sans hésiter : Le premier. C’est-à-dire celui qui avait commencé par dire non et qui s’étant ravisé finira par aller travailler. La question de Jésus était puissante : Lequel des deux a fait la volonté du père ? Par cette question, Jésus veut nous aider à comprendre quelle est la volonté du Père du ciel sur nous. Eh bien, Jésus ne démentira pas ses auditeurs quand ils répondront : Le premier. C’est-à-dire que, pour Jésus, il est clair que ceux qui ont des belles paroles mais qui ne sont pas suivies par des actes, eux ils n’accomplissent pas la volonté de Dieu.
Or rappelons-nous que Jésus s’adressait aux grands prêtres et aux anciens du peuple, c’est-à-dire à des gens qui avaient toujours de belles paroles à la bouche mais des paroles qui, hélas, ne se concrétisaient pas par des actes, par une vie en cohérence avec ces paroles. C’est pour cela qu’il ajoute ces paroles cinglantes qui n’ont pas dû faire plaisir à ses auditeurs : Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. En disant cela, Jésus ne veut pas comme donner une prime à la médiocrité, non, il souligne simplement que nombre de collecteurs d’impôts et de prostituées ont écouté sa parole et se sont convertis. Ce qui n’est évidemment pas le cas des grands prêtres et des anciens du peuple qui refuseront d’écouter Jésus, de reconnaître en lui l’envoyé de Dieu. Tout cela est plein d’espérance pour nous : ce ne sont pas tous les « non » que nous aurons prononcés au cours de notre vie à ses propositions d’amour que le Seigneur comptabilisera, mais il regardera, si au bout du compte, comptant sur sa grâce, nous avons voulu nous reprendre.
Pour prendre une comparaison avec le foot : peu importe le nombre de buts encaissés, l’essentiel est d’en marquer plus qu’on a pu en encaisser ! Ceux qui préfèrent le rugby à l’affiche en ce moment peuvent dire la même chose avec le nombre d’essais ! C’est la mère Térésa, je crois, qui disait : ne compte pas le nombre de fois où tu es tombé, mais compte le nombre de fois où tu as accepté de te laisser relever par l’amour miséricordieux du Seigneur. Evidemment, ce n’est pas une invitation à faire n’importe quoi, mais c’est une parole d’espérance pour tous les pauvres que nous sommes !
Et si ce père avait un 3° fils…
Mais ce n’est encore pas là que se situe la leçon la plus importante de ces textes ! Vous en conviendrez, ce père, il n’a quand même pas de chance avec ses fils, certes le 1° est meilleur que le 2°, mais ça aurait été tellement mieux s’il avait dit un oui enthousiaste à son père et un oui engageant qui le conduise à aller travailler à la vigne de son père. D’autant plus que ce fils, il parlait en 1°, si sa réponse avait été enthousiaste et qu’il se mette en route tout de suite, peut-être que son frère l’aurait suivi ! Voilà pourquoi tous nos refus d’accueillir l’amour de Dieu, s’ils n’ont pas une portée définitivement négative, sont quand même handicapant pour la mission parce qu’ils n’entrainent pas les autres. Certes la miséricorde du Seigneur viendra nous relever, mais nous n’aurons pas été de bons témoins.
Alors, en lisant la parabole, on se dit que ça serait quand même bien si ce père avait un 3° fils qui dise oui, un oui enthousiaste et qui parte tout de suite travailler à la vigne du père, entrainant à sa suite tous ceux qui ont besoin d’être soutenus par un bon exemple pour pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes. Cette parabole qui nous laisse espérer un 3° fils, nous tourne donc vers Jésus car c’est bien lui ce fils qui ne dira jamais « non » aux demandes de son Père et dont tous les « oui » seront des « oui » engageants » qui le conduiront à se donner jusqu’au bout. C’est exactement ce que nous disait la 2° lecture avec cette très belle hymne de Paul aux Philippiens qui nous montre l’obéissance de Jésus à la volonté du Père. La volonté du Père c’était que Jésus vienne sauver tous les hommes et que, pas un seul ne soit perdu. Jésus a dit oui et il n’a jamais repris son oui même quand le chemin est devenu très difficile et qu’il a exigé qu’il se donne jusqu’au bout.
Comment progresser ?
Chers amis, comme il serait bien que chacun de nous devienne, à l’image de ce 3° fils qu’est Jésus, celui ou celle sur qui le Seigneur pourra toujours compter. Mais voilà, chacun de nous connait ses faiblesses et ses pauvretés. C’est sûr que nous le voudrions, mais nous ne le pouvons pas. A l’image de la confidence personnelle que nous livre St Paul dans la lettre aux Romains, nous pouvons tous dire : le bien que je voudrais faire, je ne le fais pas assez souvent et le mal que je ne voudrais pas faire, je le fais trop souvent ! Rm 7,19 Les « oui » enthousiastes que je voudrais dire aux appels du Père, je ne les dis pas assez souvent et les « non », les refus que je n’aimerais pas dire viennent encore trop souvent sur les lèvres et quand j’ai dit « oui » il m’arrive encore trop souvent de ne pas aller jusqu’au bout.
Comment progresser ? Bien sûr, il y aura toujours une part d’ascèse, d’efforts, de discipline à m’imposer. Mais nous avons tous fait l’expérience que cette voie des efforts était, au bout du compte, vouée à l’échec. Du coup voir que nos efforts ne sont pas couronnés de succès risque vite de nous décourager et c’est ainsi que nous nous contentons vite de ce que j’aime appeler « la moyenneté » cette voie moyenne qui n’est ni vraiment bonne, ni vraiment mauvaise. Nous laissons les exploits aux autres et nous pensons que le Bon Dieu nous aimera tels que nous sommes ! Oui, il nous aime tels que nous sommes, mais il ne veut pas nous laisser tels que nous sommes ! Il rêve que nous vivions tous à l’image du 3° fils. Alors comment y arriver ? Oh, la recette simple, c’est à force de le recevoir dans l’Eucharistie, de le fréquenter dans la prière que nous finirons par ressembler à ce 3° fils. A force de le recevoir, nous finirons par pouvoir dire comme Paul : ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ! Ga 2,20 Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la fidélité dans notre participations à l’Eucharistie pour que la grâce puisse accomplir en nous ce que nos efforts ne parviennent pas à réaliser totalement.