- Mot d’accueil et sens de la célébration par le célébrant:
En ce jour, nous nous rassemblons devant la statue de Saint François Marie de Camporosso. Ici-même, il a été guéri par Marie, Notre Dame de Laghet. Ayant reçu cette si grande grâce, il s’est fait ensuite pèlerin de la charité pour porter cette bonne nouvelle aux pauvres que, à Laghet et en tant d’autres lieux, le Seigneur continue de guérir, de libérer, de sauver. Par son témoignage et sa prédication, il a su redonner l’Espérance en parlant tout simplement de son amour envers Notre Dame de Laghet, elle qui conduit toujours à son Fils Jésus qui n’a pas de plus grand désir que de nous visiter pour restaurer nos corps, nos cœurs, nos esprits, nos âmes malades, blessées.
Le Pape François vient de nous donner une belle encyclique sur l’Amour du Cœur de Jésus et, à la veille du Dimanche plus spécialement consacré à toutes les formes de pauvretés, demandons particulièrement à Marie, Notre Dame de Laghet, de mettre notre confiance dans le Cœur de Jésus, Lui, qui de riche s’est pauvre pour nous, afin de nous enrichir par sa pauvreté, ce cœur qui a tant aimé le monde.
- Lecture de la Parole de Dieu :
Lecture du livre de Ben Sira, le sage (Ben Sira 21,5 ; 35,15b-26)
La prière du pauvre va droit de ses lèvres aux oreilles de Dieu : il ne tardera pas à faire justice … Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues, et son cri n’accuse-t-il pas celui qui la fait pleurer ? Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice. Le Seigneur ne tardera pas, il restera impatient, jusqu’à ce qu’il ait brisé les reins des hommes sans pitié, tiré vengeance des nations, supprimé la multitude des insolents et brisé le sceptre des injustes, jusqu’à ce qu’il ait rendu à chacun selon ses œuvres et rétribué les actions des hommes selon leurs intentions, jusqu’à ce qu’il ait jugé la cause de son peuple et qu’il l’ait comblé de joie par sa miséricorde. Qu’elle sera bienvenue, sa miséricorde, au temps du malheur, comme les nuages de pluie au temps de la sécheresse !
- Homélie du Père Roger :
Chaque année, le Pape donne un message pour la journée mondiale des pauvres, qu’on appelle, « journée Fratelli » dans notre diocèse, la date officiellede cette journée, c’est demain. C’est en lisant le très beau message qu’il a donné pour cette journée que j’ai eu l’idée de choisir ce texte, tiré du livre de Ben Sira. Dans son message, le pape commence en citant le 1° verset que nous avons entendu dans la lecture : La prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu, c’est le verset 5 du chapitre 21. Un peu plus loin, le pape cite deux versets du chapitre 35 : « La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice. Le Seigneur ne tardera pas, il restera impatient » Comme le Pape le précise, ce livre de Ben Sira n’est pas très connu et c’est bien dommage car ces paroles sont tellement belles ! J’ai d’ailleurs été étonné que le Pape ne cite pas le verset 18 de ce chapitre 35 qui dit : Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur les joues de Dieu ? C’est sans doute l’un des textes les plus forts pour parler de ce que l’on nomme désormais l’amour préférentiel de Dieu pour les pauvres.
Et nous qui sommes venus ce matin, nous faisons partie de ces pauvres que Dieu aime. Nous avons tous nos pauvretés qu’elles soient
- des pauvretés physiques en raison d’une maladie ou d’un handicap
- des pauvretés psychologiques en raison de profondes blessures qui nous perturbent et perturbent nos relations aux autres ou en raison encore d’addictions qui nous font perdre notre liberté
- des pauvretés affectives en raison d’une solitude non-choisie ou de difficultés profondes dans le couple et la famille
- des pauvretés spirituelles en raison de nos difficultés à avoir une relation apaisée avec Dieu qui peut faire peur à certains, tous les blocages dans la prière
Bref, normalement, nous ne devrions pas avoir de peine à nous reconnaître pauvres, à nous reconnaître dans l’une ou l’autre situation que je viens d’évoquer. Si j’insiste tant, c’est parce que le texte de Ben Sirac nous dit que cette pauvreté peut devenir notre richesse. En effet, le texte affirmait : La prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu ! Et un peu plus loin, il disait : La prière du pauvre traverse les nuées … Le Seigneur ne tardera pas, il restera impatient. Conscients de nos pauvretés, nous sommes venus ce matin parce que, d’une manière ou d’une autre, ces paroles trouvent un écho dans nos cœurs.
Nous sommes sûrs que nous avons raison de nous tourner vers Lui, peut-être même que nous le considérons comme notre dernier recours après avoir essayé tant et tant de choses pour aller mieux. Nous sommes touchés par cette parole de Ben Sirac qui dit que les larmes de la veuve coulent sur les joues de Dieu. Nous sommes venus parce que nous croyons que notre Dieu n’est pas insensible, que son cœur est profondément touché par nos souffrances.
Oui, nous le croyons et, en même temps, parfois, il nous arrive aussi de douter. Si la prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu comment se fait-il que, depuis le temps que je crie vers Lui, il n’ait encore pas répondu ? Comment se fait-il que j’aie prié, que je prie encore, que j’offre des messes, que je mette des cierges pour être guéri ou pour demander la guérison d’un être cher et que la guérison n’est pas venue ? Chers amis, je n’ai évidemment pas de réponse à ces questions si lourdes. Il m’arrive aussi de me heurter à ces questions, j’ai prié et ma prière n’a pas été exaucée.
Que, malgré mes prières, il ne fasse pas gagner mon équipe de foot favorite, ce n’est pas très grave ! Que malgré mes prières insistantes et malgré les œufs portés aux clarisses, il n’ait pas donné le soleil pour un mariage, ce n’est pas non plus très grave ! Mais qu’il n’exauce pas nos supplications dans les situations très graves, c’est beaucoup plus difficile à comprendre. Pourtant je veux croire que ce n’est pas parce que ma prière n’a pas été exaucée qu’elle n’a pas été entendue. La Parole de Dieu ne peut pas mentir quand elle affirme que la prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu et quand elle précise encore que Le Seigneur ne tardera pas, qu’il restera impatient de répondre.
Je crois justement que la lecture de Ben Sirac nous donnait un élément essentiel pour accueillir paisiblement ce que nous ne pouvons pas comprendre. C’est la Parole que ne cite pas le Pape et qui est pourtant si belle : Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur les joues de Dieu ? Vous vous rendez compte de la puissance de cette Parole ? Les larmes de la veuve et je rajoute de tous les pauvres, quelle que soit leur pauvreté, coulent sur les joues de Dieu. Je me rappelle cette réflexion d’un musulman qui me disait : vous, les chrétiens, vous avez de la chance d’avoir un Dieu qui est proche de vous, qui souffre avec vous ! Il avait tout compris, j’avais envie de lui dire ce que Jésus disait au scribe : tu n’es pas loin du Royaume de Dieu !
Oui, la manière dont Dieu répond toujours, c’est sa proximité, sa compassion qui permet à Ben Sirac d’oser cette formule audacieuse : Les larmes de la veuve coulent sur les joues de Dieu, nos larmes coulent sur les joues de Dieu. C’est parce que Dieu est si proche de nous, c’est parce qu’il nous a pris dans se bras, c’est parce qu’il a mis notre tête tout contre la sienne que nos larmes coulent sur ses joues. Alors, bien sûr, ça ne règle pas tout, mais tous ceux qui ont traversé une grande épreuve savent que le plus grand réconfort, c’est la proximité, le soutien, la présence de ceux que l’on aime et quand c’est Dieu, c’est encore plus fort !
Aujourd’hui, je pense particulièrement à l’expérience vécue par les grands-parents d’Emilie. Ils étaient venus si fidèlement l’année dernière demander sa guérison, ils avaient même amené Emilie et ils ont vécu l’immense chagrin de la perdre. Je les remercie d’être là aujourd’hui, leur présence est un si grand signe de foi. Ils m’ont dit combien ces temps de prière leur avaient donné la force pour accompagner Emilie, pour tenir. A leur manière, ils ont fait cette expérience de sentir que leurs larmes coulaient sur les joues de Dieu et cette proximité, cette compassion de Dieu a été leur soutien dans leur chemin de croix.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, continuons à présenter avec foi nos demandes au Seigneur en croyant que la prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu et si nous ne sommes pas exaucés, demandons-lui de pouvoir expérimenter cette proximité du Seigneur qui nous dit : aucune de tes larmes qui a coulé sur ma joue ne sera perdue.