Introduction
Départ devant la statue de Jean Paul II.
Mot d’accueil et sens de la célébration par le Père Roger Hébert, recteur.
Aujourd’hui, dans la proximité immédiate de la fête de Pentecôte, notre prière de guérison nous tournera tout naturellement vers le Saint-Esprit que nous venons d’invoquer dans ce chant. Prier le Saint-Esprit dans un sanctuaire marial, donne encore plus de poids à cette prière. Le grand saint qui a donné à la spiritualité mariale une nouvelle profondeur, c’est St Louis-Marie Grignon de Montfort, un saint breton qui a vécu fin du 17°, début du 18° siècle. C’est à lui que St Jean-Paul II, dont la statue est là devant nous, empruntera sa devise « totus tuus », je suis tout à toi, Marie.
St Louis-Marie Grignon de Montfort présentait Marie comme un paratonnerre qui attire l’Esprit-Saint. Enfin, il le disait avec d’autres mots, mais ça revenait exactement à ça. Quand le Saint-Esprit voit Marie dans une âme disait-il, il fond dans cette âme. Prier le Saint-Esprit dans un sanctuaire marial prend donc encore plus de sens, nous accueillons Marie et voyant sa présence en nous, le Saint-Esprit est encore plus désireux de venir habiter nos cœurs, transformer nos vies. Prier le Saint-Esprit, par l’intercession de la Vierge Marie, Notre Dame de Laghet, c’est ce que nous ferons ce matin, dans notre temps de prière de guérison.
J’ai voulu que nous commencions près de la statue de Jean-Paul II pour nous rappeler qu’il a donné l’exemple d’un parfait équilibre entre la spiritualité mariale et la dévotion au Saint-Esprit. En 1986, il a écrit une très belle encyclique sur l’Esprit-Saint qui nous invite à approfondir notre connaissance et notre foi en l’Esprit-Saint. Dans la conclusion de cette encyclique, il y a quelques paroles qui me semblent parfaitement adaptées pour ouvrir notre temps de prière. Il fait allusion à une prière très ancienne de l’Eglise, la séquence de Pentecôte, que nous prierons ensemble avant d’entrer dans la chapelle.
L’Esprit Saint, dans son lien mystérieux de divine communion avec le Rédempteur de l’homme, est celui qui assure la continuité de son œuvre : il reçoit ce qui est du Christ et le transmet à tous, il entre sans cesse dans l’histoire du monde en venant dans le cœur de l’homme. Il devient là, comme le proclame la Séquence liturgique de la solennité de la Pentecôte, le véritable « père des pauvres, dispensateur des dons, lumière de nos cœurs » ; il y devient l’« hôte très doux de nos âmes » que l’Eglise salue sans cesse au seuil de l’intériorité de tout homme. Il apporte, en effet, « repos et réconfort » au milieu des fatigues, du travail des bras et du travail de l’esprit humain ; il apporte « repos » et « soulagement » au milieu de la chaleur du jour, au milieu des préoccupations, des luttes et des dangers de toute époque ; il apporte enfin la « consolation », lorsque le cœur humain pleure et connaît la tentation du désespoir.
C’est le sens de la Séquence qui proclame : « Sans ta puissance divine il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti ». Seul l’Esprit Saint, en effet, « met en lumière le péché », le mal, dans le but de rétablir le bien dans l’homme et dans le monde humain, pour « renouveler la face de la terre ». C’est pourquoi il purifie tout ce qui « souille » l’homme, « ce qui est sordide » il soigne les blessures, même les plus profondes de l’existence humaine ; il change l’aridité intérieure des âmes et les transforme en champs fertiles de grâce et de sainteté. Ce qui est « rigide », il « l’assouplit », ce qui est « froid », il le « réchauffe », ce qui est « faussé », il le « rend droit ».
Prions ensemble cette prière de la séquence de Pentecôte :
Viens en nos cœurs, Esprit-Saint et du ciel, envoie-nous un rayon de ta clarté.
Viens, Père des pauvres. Viens, source de tout don. Viens, lumière des cœurs.
Consolateur bienveillant, douce présence en nos cœurs, viens puissant réconfort
Repos dans le labeur ; Paix dans le malheur ; Espoir de l’homme en pleurs
Lumière de Bonheur pénètre les replis de nos cœurs de croyants
Sans ton secours divin, l’homme ne peut rien de bien, tout peut devenir péché.
Lave toutes nos souillures, baigne notre cœur aride, et guéris nos blessures
Fais plier nos raideurs, réchauffe notre froideur, et redresse nos erreurs
Accorde à tous les chrétiens, confiants en ton appui, tous les dons de ton amour
Obtiens-nous la force, donne-nous la mort des saints, donne-nous la joie sans fin. Amen
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Lecture des Actes des Apôtres 1,12-14
Après l’Ascension, les apôtres retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche, – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat. À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement ; c’était Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.
Homélie du Père Roger
Nous venons d’entendre ce texte des Actes, sur lequel nous avons médité hier soir avec les retraitants qui sont là pour vivre cette retraite intitulée : devenir amis du Saint-Esprit. Les apôtres, avec Marie attendaient le Saint-Esprit. Nous aussi, nous attendons que le St Esprit vienne nous renouveler et Marie prie pour nous, comme elle priait pour les apôtres. Traditionnellement, l’Eglise utilise une prière pour demander au Saint-Esprit de venir visiter le cœur des chrétiens, c’est la prière du Veni Creator.
Toute la prière est belle et mériterait d’être commentée, mais, ce n’est pas possible dans une homélie de tout commenter. Je vais donc me contenter de commenter la 4° strophe parce qu’elle est particulièrement adaptée à ce temps de prière de guérison. En effet, dans cette strophe, il est dit que le Saint-Esprit prend soin de nous, je la relis :
Mets en nous ta clarté, embrase-nous ; en nos cœurs, répands l’amour du Père,
Viens fortifier nos corps dans leur faiblesse, et donne-nous ta vigueur éternelle.
Cette prière, originellement, elle a été écrite en latin, je viens de vous lire la traduction liturgique, mais il est préférable, pour mon commentaire, que je m’appuie sur une traduction plus littérale du texte et voilà ce que ça donne :
Allume ta lumière en notre esprit ; Répands dans nos cœurs l’amour
Ce qui est infirme en notre corps, guéris-le par ta puissance éternelle
L’avantage de cette traduction plus littérale, c’est qu’elle montre clairement que l’Esprit-Saint va s’occuper de nous, prendre soin de nous, mais dans la totalité de ce que nous sommes :
- A notre esprit, il va donner la lumière
- A notre cœur, il va donner l’amour
- En notre corps, il va guérir ce qui est infirme
L’action du Saint-Esprit en nous est donc extrêmement bienfaisant puisqu’il ne va pas s’occuper seulement de notre âme mais de nous, dans la totalité de notre personne. Je vais donc reprendre rapidement chacune de ces 3 actions bienfaisantes du Saint-Esprit.
- A notre esprit, l’Esprit-Saint va donner la lumière
Nous le savons la lumière et la vérité font bon ménage tout comme d’ailleurs le mensonge et l’obscurité. Ceux qui font le mal, habituellement se cachent car l’obscurité dissimule leurs actes mauvais, leurs mensonges. Jésus nous dit que celui qui agit selon la vérité vient dans la lumière. Jn 3,21. Jésus nous dit aussi que le Paraclet doit nous conduire vers la vérité tout entière. Jn 16,13. Nous comprenons donc que la lumière que le St Esprit va projeter sur notre intelligence, cette lumière qu’il allume en nos esprits, pour reprendre les mots du Veni Creator, c’est la lumière de la vérité. Et on peut dire que, de cette lumière, nous en avons bien besoin actuellement parce que le père du mensonge semble faire plus d’adeptes que l’Esprit de vérité ! Or le mensonge nous salit quand on le pratique et il salit les autres. Eh bien, le Saint-Esprit va illuminer nos esprits pour que nous choisissions de dire la vérité, de vivre dans la vérité.
C’est la 1° grande action bienfaisante du Saint-Esprit qui veut nous guérir du mensonge. N’hésitons pas, aujourd’hui, à demander cette guérison si nous sommes trop souvent pris dans les filets du mensonge.
Et vous savez bien que le mensonge, ce n’est pas seulement ne pas dire la vérité, c’est aussi ne pas vivre ce que nous disons ou ce que nous imposons aux autres, c’est mener une double vie et tant d’autres comportements tordus dont l’Esprit-Saint veut et peut nous guérir si nous le lui demandons avec la force de notre foi en reconnaissant humblement notre pauvreté. Qu’il illumine nos esprits pour que nous choisissions de vivre dans la vérité.
- A notre cœur, l’Esprit-Saint va donner l’amour
Evidemment, il n’y a pas que nos esprits qui ont besoin d’être guéris, il y a aussi nos cœurs. Et le Saint-Esprit va les guérir en répandant l’amour. Répandre l’amour, l’Esprit-Saint peut le faire, sans problème puisqu’il est l’Amour. Saint Augustin a donné une belle définition de la Trinité, une définition toute simple, très facile à retenir. Il dit : Celui qui aime, qui est la source de l’Amour, c’est le Père ; Celui qui est aimé, c’est le Fils, Jésus, il reçoit tout l’Amour de son Père sans rien en perdre et le rend au Père et le distribue aux frères ; et l’Esprit-Saint, c’est l’Amour. L’Esprit-Saint, parce qu’il est l’Amour qui unit le Père et le Fils peut donc guérir nos cœurs de tout égoïsme et de toutes nos blessures d’amour.
St Paul exprimera quelque chose de très semblable dans l’épitre aux Romains quand il dira : L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné. Rm 5,5 Vous savez quand on a une blessure qui nous fait profondément souffrir, il peut être bienfaisant de répandre un baume sur cette blessure pour apaiser les souffrances. Eh bien, le Saint-Esprit, parce qu’il est l’Amour est ce baume répandu sur les blessures de nos cœurs. Je pourrai en dire beaucoup plus, mais c’est déjà bien de comprendre que nous pouvons accueillir le St Esprit comme ce baume qui guérit toutes nos blessures d’amour.
- En notre corps, il va guérir ce qui est infirme
Nous le savons et c’est bien triste, il y a eu tout un temps où le corps n’avait pas bonne presse dans le monde chrétien. On chantait d’ailleurs : je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver ! Mais c’est loin d’être vrai et ça ne devait pas tellement réjouir le cœur de Dieu. En effet, l’un des plus grands mystères de notre foi, c’est celui de l’Incarnation : en Jésus, Dieu a voulu prendre un corps et, par ce fait, il a donné une dignité incomparable à nos corps. En plus, dans les Evangiles, Jésus a passé beaucoup de temps à soigner les corps, à prendre soin des corps malades, abimés, handicapés. Comment s’y prenait-il pour guérir ces corps malades ? C’est très simple, les textes nous montrent Jésus imposant les mains à ces personnes, c’est le geste traditionnel pour transmettre l’Esprit-Saint.
C’est en étant visitées par le Saint-Esprit que les personnes pouvaient retrouver la santé. Ce que le Saint-Esprit accomplissait à la prière de Jésus, il peut toujours l’accomplir à notre prière. C’est ce que nous fait demander avec foi la prière du Veni Creator : en notre corps, viens guérir ce qui est infirme !
Avant qu’on ne découvre les antibiotiques, l’une des seules manières de guérir la tuberculose, c’était d’exposer les malades au soleil. On appelait ça l’héliothérapie, hélios en grec, c’est le soleil. Nous les chrétiens, nous croyons en la puissance de la pneuma-thérapie, c’est-à-dire de l’action du Saint-Esprit pour guérir ce qui est infirme en nos corps. Une visite du Saint-Esprit ne remplace pas une visite du médecin, mais la complète !
Dans la tradition spirituelle, la Vierge Marie est appelée l’épouse du Saint-Esprit. L’époux ne refusera rien à une telle épouse ! C’est pour cela que nous demandons avec Foi, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, au Saint-Esprit de donner à notre esprit, la lumière, à notre cœur, l’amour et à notre corps, la guérison.