« BENIS LE SEIGNEUR, ô mon âme… », (Psaume 102)

Alors que les célébrations de la Nativité sont encore dans tous les esprits, les chrétiens entrent dans la nouvelle année avec une succession de fêtes célébrant la venue du Sauveur et la vénération de la Vierge Marie. Un temps favorable pour relire le Psaume 102, et rendre grâces à Dieu en toutes circonstances :

« Bénis le Seigneur, ô mon âme,
Bénis son nom très saint tout mon être !
Bénis le Seigneur ô mon âme,
N’oublie aucun de ses bienfaits… ».  

Marie est fêtée le 1er janvier, avec le titre de « Mère de Dieu » décerné par les pères de l’Eglise d’Orient et d’Occident réunis en Concile à Ephèse en l’an 431. Le 3 janvier l’Eglise célèbre le Nom de Jésus. En effet, selon les prescriptions de la Loi de Moïse, huit jours après la naissance d’un garçon a lieu la Brit-Mila, la circoncision, qui symbolise l’Alliance entre Dieu et le peuple juif. C’est durant ce rite que Joseph donna son nom à Jésus…Yeshoua qui en hébreu veut dire « Dieu Sauve ». Jésus porte le nom révélé par l’Ange du Seigneur à Marie à l’Annonciation (Luc 1,31) ainsi qu’à Joseph durant un songe : « Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus » (Mathieu 1,21). Le 6 janvier, la Solennité de l’Epiphanie évoque la visite des rois mages venus s’incliner devant l’enfant Jésus, manifestation de la présence du Seigneur. Puis, l’Eglise célèbre le Baptême du Seigneur, événement marquant de la vie de Jésus, qui confirme sa vocation de Messie Sauveur, scène rapportée par les quatre évangélistes : « Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve toute ma joie ». (Mathieu 3,17).

En ce mois de janvier, sous l’égide du Saint Nom de Jésus, nous voudrions proposer aux lecteurs de cette rubrique une série de petites clausules, illustrées par des ex-voto. Une manière de rendre grâces à Dieu en toute circonstance, joyeuse ou difficile histoire de se souvenir que, comme il l’a promis, « le Seigneur est avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mathieu 28,20). Chacun reconnaitra dans la chronologie une évocation des Mystères du Rosaire, prière mariale par excellence, dont l’écho retentit depuis des siècles du cloître à l’autel de la vénérable Chapelle de Notre-Dame de Laghet.

MYSTERES JOYEUX
Bénie êtes-vous Marie,

  • OUI éternel à la Volonté Divine
  • Modèle de Foi et de Charité
  • Chaste Mère de Dieu
  • Fille du silence et de l’Écoute
  • Trône de la Sagesse incarnée

En illustration : Accident survenu au cocher Louis Frumento au port de Nice en 1880
« Ce samedi 16 octobre 1880, le patron-cocher Louis Frumento, conduisant la voiture de place n° 377 venant du Lazaret à l’est de la ville, faisait le tour des quais. Mais voilà que, suite à une rupture de l’attelage, la voiture manqua de se jeter dans les eaux du port. La providence permit qu’une borne retint le véhicule qui transportait ce jour-là deux ecclésiastiques. Tous sortirent sains et saufs de cette pénible aventure, même le cheval, tiré des eaux, légèrement blessé. Une vraie action de grâce et de joie exprimée envers la protection de Notre-Dame de Laghet, comme l’indique le cartouche au bas de l’image. En effet, cet accident peu banal aurait pu mettre en péril l’activité, très prospère, des Frumento, une famille de cochers niçois de pères en fils. Pour la petite histoire l’ex-voto fut déposé par Monsieur et Madame Louis Frumento ! ».

MYSTERES DOULOUREUX
Bénie êtes-vous Marie,

  • Sentinelle au coeur de la nuit
  • Onguent de tendresse sur la chair meurtrie
  • Mère au coeur couronné d’épines
  • Mère de la douleur en chemin
  • Mère de l’Eglise au pied de la Croix

En illustration : Un couple et un bébé, sous un abri, durant les terribles combats du débarquement en aout 1944.
« La scène de guerre que nous donne à voir cet ex-voto, montre la terreur dans laquelle vivaient les familles qui, en aout 1944, subirent les bombardements durant le débarquement sur nos côtes. La composition n’est pas sans rappeler les tristes images qui défilent en ce moment sur nos écrans à l’heure du Journal Télévisé. Pertes humaines, destructions, blessés, familles isolées, séparées, voilà le triste sort de ceux qui vécurent… et vivent encore aujourd’hui le terrible fléau de la violence et de la guerre ! L’auteur de ce dépôt votif a gardé l’anonymat, mais l’image, très graphique, où l’on note l’absence de représentation de la Vierge, montre l’horreur des combats, l’intensité de la nuit de l’épreuve, où Dieu même parait absent. Pourtant ici, dans cet abri de fortune au coeur de la nuit brille la lumière de l’Espérance de ceux qui gardent la foi ! ».

 

MYSTERES LUMINEUX

Bénie êtes-vous Marie,

  • Mère du Fils bien-aimé du Père
  • Mère de l’Espérance au quotidien
  • Mère de la Parole de Vie
  • Mère de la Lumière éternelle
  • Mère du Pain de la Rédemption

En illustration : le jeune Joseph Dalmas guéri d’une maladie des yeux après un triduum à N-D des Douleurs avril-mai, Ex-voto offert à l’issue de l’Eucharistie du dimanche 2 juillet 1882.
« Cette scène d’action de grâces familiale, exprime la foi en l’intercession de Marie, Mère des Hommes et la confiance en la présence agissante du Seigneur dans nos vies, comme le rappelle le Magnificat. La composition en clair-obscur nous emmène, à la suite de Marie, dans l’obscurité, celle dans laquelle les yeux du petit Joseph étaient plongés peu à peu par la maladie… La cécité, voilà ce à quoi a échappé ce jeune garçon. Une victoire de la Lumière sur les ténèbres, ainsi que le rappellent les miracles dans l’Evangile : « Alors que Jésus approchait de Jéricho, un aveugle mendiait, assis au bord de la route… ». « Jésus, Fils de David, prends pitié de moi ! ». Quand il se fut rapproché, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je retrouve la vue ». Et Jésus lui dit : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé » (Luc 18, 35-43).

MYSTERES GLORIEUX

Bénie êtes-vous Marie,

  • Mère de la joie en Dieu
  • Mère du Ciel sur la terre
  • Mère du Cénacle et de la fécondité spirituelle
  • Mère de la Dormition
  • Vierge couronnée, Fille du Père, Mère du Fils, épouse de l’Esprit Saint à jamais !

En illustration : remerciement à Notre-Dame de Laghet, Cannes, 1970
Cet ex-voto déposé dans les années 70 par un donateur anonyme est emblématique des tableaux votifs montrant le sanctuaire et la Vierge à l’Enfant avec les attributs d’une Vierge du Carmel : tous deux sont couronnés, l’Enfant tient en main le globe, signe de son autorité spirituelle ; Marie, le sceptre royal et, à son bras, le traditionnel scapulaire du Carmel symbole de sa protection. Cette composition sur laquelle le sanctuaire est représenté dans le registre inférieur, évoque la présence des pères Carmes en ce haut lieu de spiritualité mariale durant près de deux siècles. On retrouve l’esprit carmélitain – et la protection de la Vierge Marie conférée à cet ordre via Saint Simon Stock au XIIIè siècle – de la chapelle aux réfectoires et bien entendu sur l’effigie de Notre-Dame de Laghet figurant sur les ex-voto. Le Mont Carmel, dans le Premier Testament, évoque la grande figure du prophète Elie qui, après avoir perçu la Présence divine « dans un bruit de fin silence », s’exclama : « Il est vivant le Dieu devant qui je me tiens ! ». Formule intemporelle que nous pourrions faire notre afin d’accueillir la Volonté divine dans nos vies et vivre l’aujourd’hui de Dieu…

 

Commentaire : Patrizia COLLETTA, « Médiation, Art & Foi »