Ce jour là Marie avait des fleurs partout…

A 11h30 la Messe a été présidée par Monseigneur Dominique-Marie DAVID, Archevêque de Monaco qui nous a donné une belle homélie :

Chers frères et sœurs, nombreux sont ceux qui, parmi nous et autour de nous, portent sur le monde un regard perplexe teinté de pessimisme ou au moins d’inquiétude. Parmi toutes les interrogations, il en est une qui habite tout particulièrement le cœur des croyants : que fait Dieu, où est-il ? Et, au cas où nous repérons des indices de sa présence, comment se fait-il que si peu de nos contemporains acceptent de lui faire une place ? Une grande majorité est sans doute indifférente (ils ne voient pas l’intérêt), d’autres ont préféré mettre leur foi en  l’homme et en l’homme seul. Pour ces derniers, Dieu serait comme un concurrent de l’homme.
Marie, la sainte Mère de Dieu, que nous célébrons aujourd’hui dans son Immaculée Conception, nous rappelle que Dieu et l’homme ne sont pas des concurrents. Comment cela serait-il possible alors que Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance, alors qu’Il nous veut participants de sa divinité, de sa gloire et de sainteté ? Non, la grandeur de Dieu n’écrase pas l’homme du haut de sa splendeur. Au contraire, Dieu veut le salut de l’homme, sa vie, sa liberté et il le fait même coopérer à son plan d’amour sur le monde.

Marie Immaculée est l’illustration la plus éclatante de cette vérité. Saint Anselme nous a laissé cette parole étonnante au sujet de Marie : « Dieu a tout créé mais c’est Marie qui a enfanté Dieu… Dieu est le Père de toutes les choses créées et Marie, la Mère de toute les choses recréées ». Là, chacun est à sa place : Dieu comme origine de toutes choses ; Marie coopérant dans la liberté à l’œuvre de Dieu. Une autre phrase du même auteur : « Dieu est le Père de la création universelle et Marie la Mère de la rédemption universelleCar Dieu a engendré Celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté Celui par qui tout a été sauvé ».
Aujourd’hui, nous sommes donc invités en ce jour à contempler Marie dans le mystère de son Immaculée Conception. Avec Marie, nous reconnaissons et nous accueillons l’amour bienveillant de Dieu qui « élève les humbles ». Avec elle nous comprenons quelle est notre grandeur, quelle est notre dignité, quel prix nous avons aux yeux de Dieu !

Oui, Dieu veut élever les humbles qui mettent leur confiance en lui. D’ailleurs, lorsque nous regardons Marie et la manière dont elle s’est tenue en présence de Dieu, deux termes viennent spontanément à l’esprit : l’humilité et la confiance. L’humilité n’est pas une attitude suspecte qui consisterait à se déprécier en permanence et à renoncer à la gloire. Non, il s’agit de renoncer à se glorifier soi-même. La recherche de notre propre gloire nous alourdit le cœur de l’homme, et ce depuis le péché originel : « Vous serez comme des dieux » avait promis le serpent à Adam et Ève – comme s’il en avait la capacité ! La recherche de notre propre gloire ne pourra jamais combler le désir le plus profond de notre cœur. Pourquoi tant d’hommes ont de grands désirs et si peu sont satisfaits ? Justement parce que le désir si étriqué de leur propre gloire vient comme squatter dans leur cœur et vient étouffer le désir si grand, si large, si beau de l’infini, de gloire et l’étouffe. Être humble, ce n’est pas éteindre notre soif la plus profonde, notre soif de gloire mais accepter qu’elle trouve sa source dans un plus grand que nous, dans un plus aimant que nous, en Dieu.

Marie est la créature humaine qui, dans une pureté absolue, a glorifié uniquement Dieu. Le désir d’infini de la Vierge Marie, qui est aussi le nôtre, ne souffre d’aucun repli sur soi. Marie nous apprend que glorifier Dieu est la gloire de notre vie, le rayonnement de notre vie. L’autre attitude fondamentale de Marie face à Dieu, c’est la confiance. De par son Immaculée Conception, Marie avait une relation à Dieu qui n’était pas troublée par le péché.

A la différence d’Adam et Ève après le péché originel, elle ne pouvait imaginer Dieu comme un concurrent redoutable, devant qui fuir ou se cacher. Pour elle, Dieu n’est qu’Amour. La Vierge Marie, parce que conçue sans péché, ne pouvait pas avoir peur de Dieu. Sa relation avec Dieu était toute empreinte d’une profonde et d’une totale confiance. Elle est  « sans crainte car elle a trouvé grâce auprès de Dieu ».
Adam et Ève, dès qu’ils entendent les pas de Dieu, ont peur et se cachent. Au jour de l’Annonciation, après un premier moment de trouble – qui n’aurait pas été troublé à sa place – Marie commence à percevoir la mystérieuse présence du Seigneur, elle est alors parfaitement rassurée. Humainement, elle devait être sujette à la peur face aux dangers, mais elle n’a pas peur de Dieu. Sans le péché, source de toute peur, de toute suspicion, il ne peut y avoir que de la confiance envers Dieu. Elle pourra ainsi passer toute sa vie sur terre en offrant sa confiance à Dieu, dans tout ce qu’elle vit, dans tous ceux qu’elle rencontre, dans tout ce qu’elle souffre – car Marie aussi, toute Immaculée qu’elle soit, a souffert – comme nous. Rien en sa vie ne peut être plus fort que la confiance.

Par son humble confiance, Marie Immaculée nous précède sur le chemin de la foi, de l’espérance et de l’amour. Elle nous précède mais elle ne nous remplace pas. Elle nous montre le chemin pour que nous marchions, nous aussi. Simplement, pour mieux nous montrer ce chemin, Dieu lui a accordé sa grâce par avance. Si Marie nous précède, c’est donc seulement pour nous permettre d’avancer sur ce chemin, d’aller toujours plus loin à la suite du Christ, pour que nous poursuivions notre route dans l’humilité et la confiance. Oui, mais avec elle. Merci Marie !

Dans l’après-midi il y avait une causerie pendant laquelle, Bible en main, nous découvrions les 18 noms de Marie cachés dans le retable des Bayeux. Et puis le soir : la procession aux flambeaux !
La journée s’est terminée par un beau geste : Marie a reçu une belle rose dorée offerte pour elle par un pèlerin reconnaissant.

Mes petits enfants, aimez l’Immaculée,
aimez
l’Immaculée, aimez l’Immaculée : elle vous rendra heureux.
Faîtes-lui confiance
,
livrez-vous à elle totalement, sans limite

Il n’est pas donné à tout le monde
de
comprendre l’Immaculée,
mais
à ceux-là seulement qui demandent cette grâce à genoux.
Saint Maximilien Kolbe