Sa mère dit à ceux qui servaient : « Faites ce qu’il vous dira » (Jean 2, 3-5).

Alors que le Sanctuaire s’apprête à accueillir les temps forts de l’été 2023 avec la célébration de sa fête Patronale le 16 juillet, sous l’égide de Notre-Dame du Mont Carmel, la solennité de l’Assomption le 15 août, sessions et retraite, poursuivons notre voyage avec les paroles de la Vierge Marie et ce bel ex-voto exposé dans le cloître près de l’autel de Notre-Dame des Grâces.

A l’automne 2012 les Soeurs Bénédictines du Sacré Coeur de Montmartre reçurent des mains d’un vieux monsieur, très ému, cette aquarelle lumineuse. Ce jour-là, venu de Cortona en Italie (1) avec son épouse, Valerio Pagani âgé de 85 ans, accomplissait « son voeu ». Sa vie durant, en effet, il s’était promis de venir remercier Notre-Dame de Laghet pour une grâce reçue durant la Seconde Guerre Mondiale alors qu’il était âgé de 17 ans et avait émigré à Nice avec ses parents.

La précision du dessin permet de reconnaître sur l’image le Sanctuaire de Laghet, le Trophée d’Auguste de la Turbie et en contrebas le Port Hercule de Monaco. Au centre de la composition on découvre une véritable scène de guerre dont le détail figure sur le cartouche vertical. Voyons le récit : le samedi 13 mai 1944, alors que Valerio Pagani et une centaine d’autres compagnons redescendaient en camion de la Turbie à l’issue d’une journée de travail obligatoire (2), leur convoi fut pris pour cible par 5 avions de chasse britanniques. Vers 18 heures, alors qu’ils prenaient le virage juste au-dessus du Sanctuaire de Laghet, leurs véhicules furent soudainement bombardés. Chauffeurs et jeunes gens, saisis de terreur, bondirent des camions se jetant, ici ou là, à l’abri d’un arbre, d’un véhicule, d’un fossé… Trois passages assourdissants, au-dessus des jeunes gens terrorisés, dont certains pleuraient, criaient, priaient. Valerio Pagani, à genoux, invoqua la Vierge de Laghet toute proche… il reçut une grosse douille brûlante sur la nuque, l’éclat d’une balle effleura son oeil gauche et alla se ficher en terre devant lui… Puis, le bruit des moteurs s’affaiblit, les monstres volants s’éloignèrent…Un silence de mort s’abattit sur les lieux… Personne n’osait bouger. Aucun gémissement. « Mon Dieu sont-ils tous morts » se demanda le jeune Pagani. « On lève la tête, tous étaient encore couchés à plat ventre…Tous sains et saufs ! Merci Vierge Marie pour moi et pour tous ceux qui étaient avec moi ! ».

Si la démarche de Valerio Pagani, venu déposer son ex-voto 68 ans après les faits, témoigne de sa reconnaissance envers la Vierge Marie, voilà qu’un événement inattendu est venu rappeler le bombardement du 13 mai 44 un peu oublié, semble-t-il, par l’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale dans notre région !  « Le 17 avril dernier un incendie accidentel ravageait le garage d’une maison, la bâtisse et 1 hectare de forêt. Le lendemain, en inspectant le secteur de Camp Bollin, les pompiers eurent la surprise de découvrir un obus de la Seconde Guerre Mondiale (3). Après examen minutieux par les démineurs de la Sécurité Civile appelés en renfort, l’engin explosif se révéla sans danger pour les habitations alentours et pour les intervenants. L’incendie de la veille avait détruit une habitation et son garage obligeant les propriétaires à se reloger. On déplora une seule victime, leur chien qui, hélas, n’a pas survécu. Des amis, riverains de Camp Bollin purent observer la progression du feu qui répandit durant quelques heures une épaisse fumée âcre (4). C’est seulement le lendemain de l’incendie, après avoir appris la découverte de l’obus, que nous fîmes le rapprochement avec l’ex-voto de Valerio Pagani… l’obus non explosé de Camp Bollin… c’était comme un « miracle dans le miracle ». Merci Notre-Dame de Laghet pour votre maternelle protection !

Revenons un instant à l’épisode de Cana en Galilée. On se souvient qu’à la demande de Jésus les servants de la noce remplirent d’eau 6 jarres destinées aux ablutions rituelles… Cette eau transformée en vin fut le premier miracle de Jésus. « Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (5). Un peu plus tôt Marie avait dit aux serviteurs, « Faites ce qu’il vous dira » (6). De quelle manière, nous qui sommes désireux de connaître Jésus et de nous mettre à son école, pouvons-nous répondre à cette invitation ? Se former, lire la Bible, vivre les sacrements, se rendre disponible, dans le silence, la prière, le désir de conversion et l’action de grâces, le coeur attentif aux visites de l’Esprit et… comme à Cana, en allant à Jésus par Marie !

Durant cette période estivale propice au repos, à une forme de rupture avec le quotidien, pourquoi ne pas opter pour un temps de formation (7) ou une retraite ? Peut-être à Laghet, sanctuaire marial du Comté de Nice (8), de la Principauté de Monaco et de la Ligurie toute proche. Afin de combattre les passions qui habitent le coeur de l’homme et obscurcissent son jugement, afin de porter devant Dieu les bouleversements que traverse le monde, demandons une grâce de discernement. Laissons-nous façonner par la Parole, source de toute sagesse et demandons avec l’humilité et le sens de la responsabilité collective du jeune roi Salomon :

« Seigneur, donne-moi un coeur qui écoute ! » 

1 Rois, 3,9

Commentaire : Patrizia COLLETTA, « Médiation, Art & Foi »

Notes : (1) Province d’Arezzo ; (2) STO, Service du Travail Obligatoire institué par Vichy durant la 2è Guerre Mondiale ; (3) Nice-Matin et compte Twitter des Pompiers, M. Stark@SDIS-06 ; (4) Merci pour le récit des péripéties de l’incendie à Lilou et Odette M. (5) Jean 1, 1-11. ; (6) Rappel de Genèse 41, 55-56 ; (7) Sur formation-catholique.fr , « Connaître Jésus », 7 séances de formation gratuite en ligne pour tous ceux qui ont des questions sur Jésus et sur la foi chrétienne, (Mgr Philippe Nault, Evêque de Nice et Agnès de Lamarzelle, bibliste ; (8) Propositions été 2023 :  sessions « Art et Prière » et Spi-maritime, retraite mariale… sur sanctuaire-laghet.fr