En cette belle matinée ensoleillée des pèlerins sont venus tôt, on les voyait un peu partout… Les derniers préparatifs étaient aussi en cours : dans la cloître, à la chapelle…

Le 17 février c’est entre le 11 février (fête de Notre Dame des Lourdes) et  le 18 février (fête de Sainte Bernadette)…
Savez-vous qu’on appelle le sanctuaire de Laghet « le petit Lourdes niçois » ?!

Et ce matin  nous commencions donc nos prières dans la cloître sous la statue de Sainte Bernadette. Le Père Roger a rappelé les paroles de saint Jean Paul II lors de l’un de ses voyages à Lourdes :

« Au rocher de Massabielle, la Vierge sainte vint à la rencontre de Bernadette, se révélant comme Celle qui est comblée de la grâce de Dieu, et elle lui demanda de faire pénitence et de prier. Elle lui indiqua une source d’eau, et elle lui fit signe de boire. Cette eau qui surgit toujours fraîche est devenue un des symboles de Lourdes : symbole de la vie nouvelle que le Christ donne à ceux qui se tournent vers lui.

Oui, le christianisme est source de vie et Marie est la première gardienne de cette source. Elle la montre à tous, leur demandant de renoncer à l’orgueil, de se faire humbles, pour puiser à la miséricorde de son Fils et prendre part ainsi à l’avènement de la civilisation de l’amour.

La Vierge sans péché nous rappelle ce besoin primordial : elle nous dit, comme à Bernadette : priez pour les pécheurs, venez vous laver, vous purifier, puiser une nouvelle vie. « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Marc. 1, 15). A ces tout premiers mots de Jésus dans l’Evangile, elle donne une nouvelle actualité.

Car si Marie représente bien l’ennemi de Satan, le contraire du péché, elle se montre l’amie des pécheurs, comme le Christ qui mangeait et vivait au milieu d’eux, lui le « Saint de Dieu ». C’est la Bonne Nouvelle qu’elle redit à ce monde, à chacun de nous. Il est possible, il est bienfaisant, il est vital de trouver, de retrouver le chemin de Dieu. »

Puis il a expliqué le déroulement « du geste de l’eau » :
« Je vais bénir cette eau qui vient de Lourdes, vous imaginez un peu la puissance qu’elle aura : elle vient de Lourdes, elle est bénie et, en plus, vous l’utiliserez avec foi : 3 éléments qui en feront une source de renouveau, de guérison pour nous.

Vous viendrez les uns après les autres, je vous verserai cette eau dans vos mains que vous tendrez,et ensuite, vous vous mettrez de côté pour que la personne suivante puisse venir recevoir l’eau à son tour, mais, étant de côté, n’hésitez pas, avec vos mains mouillées à vous toucher les yeux pour que votre regard soit purifié, les oreilles pour que votre écoute des autres et du Seigneur devienne toujours plus grande, les lèvres pour que toutes vos paroles soient emplies de bienveillance, peut-être aussi votre nez pour que vous puissiez sentir quand c’est le moment de parler ou de vous taire, sur votre front pour que votre intelligence soit illuminée et sur votre cœur pour qu’il soit empli d’amour. Vous pouvez tout faire ou seulement 1 ou 2  gestes plus important dans votre situation ! »
Et c’est ainsi, les uns après les autres, nous nous sommes « lavés » dans cette eau de Lourdes, cadeau de Marie à ses enfants.

Lecture de l’Évangile selon saint Marc 8, 22-26

Jésus et ses disciples arrivent à Bethsaïde. Des gens lui amènent un aveugle et le supplient de le toucher. Jésus prit l’aveugle par la main et le conduisit hors du village. Il lui mit de la salive sur les yeux et lui imposa les mains. Il lui demandait : « Aperçois-tu quelque chose ? » Levant les yeux, l’homme disait : « J’aperçois les gens : ils ressemblent à des arbres que je vois marcher. » Puis Jésus, de nouveau, imposa les mains sur les yeux de l’homme ; celui-ci se mit à voir normalement, il se trouva guéri, et il distinguait tout avec netteté. Jésus le renvoya dans sa maison en disant : « Ne rentre même pas dans le village. » 

Homélie du Père Roger :

Pour ceux qui participent fidèlement à ces temps de prière de guérison, vous aurez remarqué qu’à chaque fois nous prenons un texte de l’Evangile qui nous raconte une guérison de Jésus. Le texte que nous avons choisi pour ce samedi nous raconte une guérison pour laquelle la manière d’opérer de Jésus est assez étonnante et cela pour deux raisons au moins. La 1° raison, c’est l’utilisation de la salive pour opérer ce miracle et la 2° raison c’est que Jésus est obligé de s’y reprendre à deux fois pour guérir cet homme. Regardons successivement chacune de ces deux particularités.

1/ Tout d’abord la salive ! C’est quand même assez étonnant que Jésus utilise de la salive pour guérir des yeux malades. Oui, je sais, la salive peut avoir des vertus bénéfiques, d’ailleurs quand on se blesse légèrement, à un doigt, par exemple, on a vite le réflexe de porter notre doigt à la bouche. Mais ça ne suffit pas comme explication dans le cas présent, soit Jésus utilise un remède de grand-mère, soit c’est un miracle ! Or, c’est bien un miracle, alors quel sens peut avoir ce geste de Jésus ? Eh bien, en méditant sur cette question, je me suis dit que ce geste pouvait avoir une double portée.

  • D’abord, il manifeste l’engagement de Jésus, on lui avait demandé simplement de toucher Jésus, lui, par ce geste, il va aller beaucoup plus loin. Jésus va toujours plus loin, il donne toujours plus que nous ne demandons ou plutôt il donne toujours mieux. C’est ce que St Paul dira dans cette merveilleuse parole de bénédiction : Béni soit Celui qui peut réaliser en nous infiniment plus que nous n’osons demander ou même concevoir. Eph 3,20 Nous ne sommes pas toujours convaincus que cette parole soit vraie parce que, souvent, nous demandons et nous ne recevons pas, mais quand nous n’avons pas reçu ce que nous avions demandé, ça ne veut pas dire que nous n’avons rien reçu ! Alors cherchons ce qu’il a pu nous donner car, c’est vraiment sûr, le Seigneur donne toujours mieux que ce que nous avions demandé !
  • L’autre signification de ce geste, quand le St Esprit me l’a soufflée, je l’ai trouvé très très belle ! La salive, elle a toujours un lien avec la parole. Parler quand on n’a plus de salive, c’est presque impossible. Eh bien, Jésus met de la salive sur les yeux de cet homme parce qu’il veut que ses yeux deviennent parlants. Oui, parce que les yeux peuvent parler ! Quand une personne à qui nous parlons ne nous croit pas ou est énervée par ce que nous lui disons, nous pouvons nous en rendre compte par son regard, de fait les yeux parlent ! Si Jésus met de la salive sur les yeux de cet homme avant de le guérir de sa cécité, c’est pour que, non seulement il puisse voir, mais pour que son regard soit parlant. Jésus veut que toutes les personnes que cet homme regardera par la suite puissent se sentir aimés dans le regard qu’il posera sur elles. Autrement dit, il veut que cet homme puisse avoir son regard à lui, Jésus et c’est pour cela qu’il lui met sa salive sur les yeux.

2/ Venons-en maintenant au fait que Jésus soit obligé de s’y reprendre à 2 fois pour le guérir ! Oui, c’est quand même étonnant, c’est la seule fois où ça arrive dans tout l’Evangile. C’est vrai que le 1° résultat n’est pas génial, notre homme voit les hommes comme des arbres ! Vous imaginez ? Parler avec un saule-pleureur, ça n’a rien d’enthousiasmant, mieux vaut ne rien voir ! Le fait que Jésus soit obligé de s’y reprendre à deux fois, ça me laisse penser que rééduquer le regard de quelqu’un, c’est sans doute ce qu’il y a de plus compliqué.

Or le regard, dans l’Evangile, Jésus nous dit que c’est vraiment ce qu’il y a de plus important chez nous. La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière ; mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera dans les ténèbres. Mt 6, 22-23. Si nous regardons les autres avec un regard tordu, nous aurons des relations tordues avec eux. Nous nous rendons bien compte de la vérité de ce principe. Jésus va donc renouveler son geste d’imposition des mains et là, le miracle s’accomplit, le texte nous dit que cet homme distinguait tout avec netteté, si on voulait traduire le plus justement possible, il faudrait dire : il voyait tout nettement de loin, une exégète propose même de traduire : il voyait toutes choses, de loin, briller d’un grand éclat.  Merveilleuse guérison ! Désormais, non seulement il voit, et il ne voit plus flou, mais il voit nettement et mieux encore, tout est net, même de loin, de loin, il devient capable de distinguer la clarté de toutes choses. Oui, c’est une très belle guérison car lui qui était dans le noir, non seulement il voit, mais en plus il est devenu capable de distinguer très nettement la clarté qu’il y a en chaque créature de Dieu et, cela, même de loin ! Quand je vous disais que Jésus fait toujours mieux que ce qu’on lui demande, vous voyez bien que c’est vrai !

Je ne sais pas quelle guérison, vous êtes venus demander en participant à ce temps de prière. J’imagine bien volontiers que la guérison que vous êtes venus demander, vous avez de bonnes raisons de la demander, mais peut-être qu’avec ce texte d’Evangile et le commentaire que je viens d’en faire, il y a une invitation, pour nous à demander aussi la guérison de notre regard, guérison très fondamentale puisque nos yeux sont la lampe de nos corps.

Mais vous aurez remarqué qu’après l’avoir guéri, Jésus lui dit : Ne rentre même pas dans le village. Avec cette injonction, c’est comme si Jésus lui disait : si tu veux que ta guérison dure et porte du fruit, il va falloir que tu coupes avec d’anciennes relations nocives, d’anciennes pratiques nocives. Autrement, tout redeviendra très vite comme avant !

N’hésitons pas à demander aussi cette guérison de nos yeux, de nos regards puisque Jésus fait toujours plus et mieux que ce que nous demandons. C’est par l’intercession de Notre Dame de Laghet que nous supplions le Seigneur : Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir. Et demandons à Notre Dame de Laghet qu’elle nous aide à voir les relations et les pratiques auxquelles nous devons renoncer, qu’elle nous obtienne la force de les rompre dès aujourd’hui pour que notre guérison porte du fruit.