• Mot d’accueil et sens de la célébration par le célébrant:

Nous nous réunissons devant cette si belle icône de la Vierge parce que le le mois d’Octobre est le mois du Rosaire et Marie, Reine du rosaire, a demandé que nous puissions tous prier pour la paix. Les informations venant des différents coins du monde nous montrent la nécessité et même l’urgence de cette prière pour la paix … pour la paix dans le monde. Mais, nous le savons bien, c’est d’abord dans notre cœur que se trouvent des germes de violence, de guerre et d’inimitié. Alors puisque nous sommes réunis pour ce temps de prière de guérison, supplions ensemble la Reine de la Paix de nous guérir de toute violence, de toute haine car nous le savons bien, le Seigneur ne peut pas agir et accorder la guérison à quelqu’un dont le cœur est tourmenté par la rancune, la haine et tant d’autres sentiments négatifs. Nous prierons aussi Marie, Reine de la Paix, demandant son intercession pour que le Seigneur puisse répandre sur cette terre son Esprit de concorde, de pardon et de fraternité. Dirigeons-nous vers la chapelle en chantant.

  • Prière :

Marie, notre Mère, je te le demande au nom de mes frères et sœurs réunis ici, ce matin : que l’amour du cœur de Jésus m’envahisse. Apprends-moi à me souvenir que, si je suis venu au monde, c’est parce que j’ai été désiré par le Seigneur et que je suis infiniment aimé par lui. Aujourd’hui, je veux présenter au Seigneur, toutes mes racines de violence. Je crois que le Seigneur veut me rejoindre là où je me trouve. Je crois, Seigneur, que tu es l’éternel présent et que tu me connais. Alors, Seigneur, je te demande d’avoir pitié de moi. Que se renouvellent ma foi et ma confiance en toi. Je fais monter ma prière vers Toi par les mains de Marie.

Marie, notre Mère, je te le demande au nom de mes frères et sœurs réunis ici, ce matin : Aie pitié des souffrances de mon corps, de mon cœur, de mon âme. Par ton intercession, je demande la guérison de toutes les blessures qui ont pu atteindre mon cœur, ma sensibilité, ma mémoire, mon imagination, mon intelligence, ma volonté. C’est par tes mains, Vierge Marie, que je fais monter vers le Seigneur cette prière.

Marie, notre Mère, je te le demande au nom de mes frères et sœurs réunis ici, ce matin : que le pardon pour mes péchés, pour mes complicités avec le mal me soit accordé généreusement. Que la force me soit donnée de renoncer à tout ce qui m’éloigne du Seigneur et de mes frères et sœurs. Que mon être soit libéré de tout lien, de toute chaîne qui me rend esclave du mal et de la violence. C’est par tes mains, Vierge Marie, que je fais monter vers le Seigneur cette prière.

Marie, notre Mère, je te le demande au nom de mes frères et sœurs réunis ici, ce matin : que me soit aussi accordée la force de pardonner à ceux qui m’ont fait du mal pour que je ne reste pas prisonnier de la rancune. Revêtu de la puissance de l’Esprit-Saint, je veux vivre libre et joyeux au service du Seigneur et de mes frères. C’est par tes mains, Vierge Marie, que je fais monter vers le Seigneur cette prière.

Marie, notre Mère, je te le demande au nom de mes frères et sœurs réunis ici, ce matin : Que ma foi grandisse et m’ouvre aux merveilles de l’amour du Seigneur, pour que j’en sois le témoin. Que je puisse être établi dans la paix et de la compassion. Obtiens-moi de pouvoir dire en vérité au Père du ciel : Merci de m’avoir créé. Merci pour tout ce que tu feras pour moi et pour le monde entier. Je te rends grâce pour ton amour et pour ton infinie miséricorde. C’est par tes mains, Vierge Marie, que je fais monter vers le Seigneur cette prière.

  • Lecture de la Parole de Dieu :

« Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu. Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison. Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne. Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne. Mt 5, 21-30

  • Homélie du Père Roger :

En entendant ce texte d’Evangile, peut-être avez-vous frémi en disant : non, pas un texte comme celui-là pour une prière de guérison ! Je suis venu pour que le Seigneur me fasse du bien et voilà que je l’entends me promettre de passer en jugement pour mes colères, de griller en enfer pour toutes les injures que j’ai pu prononcer, de finir en prison pour tous mes refus de pardon et, comme si ça ne suffisait pas, il me demande encore de m’auto-amputer d’un œil et d’une main ! Comme le disait le petit Gibus dans la guerre des boutons, « si j’avais su, j’aurais pas venu » !

Je vous rassure tout de suite, vous êtes venus pour que le Seigneur vous fasse du bien et il sera au rendez-vous car le Seigneur veut vous faire du bien, peut-être a-t-il d’ailleurs déjà commencé. Il vous fera du bien dans le temps d’adoration et bien plus encore lorsque je le conduirai pour qu’il passe tout près de vous, afin qu’il pose son regard de compassion infinie sur vous ; et bien sûr, il vous fera un maximum de bien lorsque vous le recevrez dans votre cœur au cours de l’Eucharistie qui suivra la prière. Je crois aussi qu’il veut vous faire du bien avec ce texte d’Evangile qui est sa Parole d’amour pour aujourd’hui.

Pourquoi je dis que c’est une Parole d’amour alors qu’à première écoute, il a pu nous sembler que ces paroles étaient très exigeantes ? Eh bien, tout simplement parce que ce texte vient presque tout de suite après celui des Béatitudes que nous réentendrons comme chaque année lors de la fête de Toussaint. Et vous le savez, les Béatitudes, c’est comme le mode d’emploi du Bonheur que Jésus propose. J’aurai l’occasion de les commenter lors de la retraite que je vais prêcher pour les jours qui précéderont cette fête. Jésus ne peut pas donner le mode d’emploi du Bonheur et immédiatement après prononcer des paroles qui nous rendent malheureux. En lisant ce texte, il ne faut donc pas se laisser impressionner par les apparences austères, il faut creuser pour comprendre comment, à sa manière, il nous parle du bonheur. C’est dans cet axe que j’ai orienté ma méditation dont je vous livre les fruits.

Si vous allez voir votre médecin et que vous avez depuis plusieurs jours un pied qui est tout noir, tout froid, c’est le signe que le sang ne circule pas et si, le plus vite possible, on ne vous coupe pas ce pieds le mal risque d’envahir le corps tout entier, c’est la gangrène. En cas de gangrène sévère, l’amputation sera donc salutaire, elle sauvera d’une mort inéluctable. Je crois que c’est ainsi qu’il faut comprendre les consignes de Jésus qui préconise une amputation car la gangrène détectée est extrêmement sévère puisqu’il s’agit de la gangrène du péché. Quand on est gagné par cette gangrène, alors ce n’est plus possible d’être heureux parce que le péché nous coupe de Dieu, il nous coupe des autres, il provoque même une division profonde en nous sans compter qu’il peut même avoir des répercussions extrêmement néfastes sur la nature, le pape François nous alerte sur cette dimension trop souvent occultée du péché.

Et, comme nous sommes tous gangrénés par le péché, les consignes de Jésus, chacun de nous doit les écouter avec attention. Vous l’aurez bien compris, il ne s’agit pas de prendre ces consignes au pied de la lettre ! S’il fallait les appliquer rigoureusement, je ne pourrai pas lire le papier sur lequel j’ai écrit mon homélie car mes yeux auraient été arrachés, comme les vôtres ! Je ne pourrai plus, non plus, tenir le Saint-Sacrement car mes mains auraient été coupées, comme les vôtres ! Donc, bien sûr, il faut interpréter et voilà l’interprétation que le St-Esprit m’a suggérée en me faisant comprendre qu’il y avait une solution pour que nous puissions garder nos yeux et nos mains pourtant gangrénés par les péchés.

  • Nous pouvons soigner nos yeux gangrénés par ces péchés, quand nos regards sont mal ajustés, tous ces regards qui classent, qui jugent, qui excluent, qui déshabillent, que sais-je encore. Quand nos yeux sont abîmés, il faut, le plus vite possible les obliger à regarder le beau et à s’en émerveiller. Et, là, bien sûr, le fin du fin, ça sera de regarder le Saint-Sacrement où dans des apparences si déconcertantes, parce que pauvres, le Seigneur, lui-même, se donne à contempler. Nos regards tordus seront guéris par la contemplation du Saint-Sacrement et dans un instant, nous pourrons le lui demander.
  • Nous pouvons soigner nos mains gangrénées par nos péchés. En effet, nos mains sont gangrénées quand nous les refermons au lieu de les ouvrir pour le partage ; nos mains sont gangrénées quand nous refusons de les tendre pour un geste de réconciliation ; nos mains sont gangrénées quand nous refusons de poser un geste de tendresse, de réconfort, etc … Ces mains gangrénées, nous pouvons les guérir en leur demandant de poser des gestes contraires, en ne gaspillant plus une seule occasion de partager, de pardonner, de réconforter.

Et quand Jésus parlait de jugement, de prison ou carrément de géhenne, c’est toujours à entendre dans ce même registre, il ne veut pas que le mal l’emporte en nous, c’est ce mal qu’il veut juger, enfermer et brûler.

Que Notre Dame de Laghet nous obtienne de pouvoir, dans quelques instants, nous présenter devant le Seigneur tels que nous sommes sans rien lui cacher de nos misères, celles que j’ai pu évoquer et aussi celles que nous connaissons trop bien, toutes ces misères qui nous gangrènent. Quelle nous obtienne la grâce d’une docilité sans réserve pour le laisser accomplir son œuvre de guérison, de restauration en chacun de nous.

  • La Messe avec l’homélie, pour le samedi de la 28° semaine du temps ordinaire, du Père Roger :

    Dans la 1° lecture, nous avons entendu cette si belle prière de Paul, sa prière de pasteur demandant au Seigneur ce qu’il y a de meilleur pour ceux qui lui sont confiés. Reprenons quelques éléments de cette prière de Paul pour goûter la profondeur de ces paroles, ce qui nous permettra de prier à notre tour pour les pasteurs envoyés par l’Eglise prendre soin, au nom du Seigneur, des brebis. En ce jour de prière de guérison, nous pourrons donc prier pour la guérison des cœurs de tous les pasteurs afin que nous devenions tous, toujours mieux des pasteurs selon le cœur du Seigneur.

    Qu’il est bon d’entendre Paul dire : je ne cesse pas de rendre grâce, quand je fais mémoire de vous dans mes prières. On reconnait bien là le vrai pasteur ! Le pape François aime rappeler aux prêtres et aux évêques que le vrai pasteur, c’est celui qui « garde sur lui l’odeur des brebis. » C’est-à-dire celui dont le cœur est toujours plein de ce que vivent ses brebis. Ce sont les premiers mots de la constitution Gaudium et spes du concile Vatican II qui disent : Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. 

    Voilà ce que signifie garder l’odeur des brebis sur soi ! Le pape ne cesse de mettre en garde les prêtres pour que jamais ils ne se laissent envahir par l’esprit du monde car cet esprit les conduirait à accomplir les tâches du ministère en bons fonctionnaires, ouvrant leur bureau de telle heure à telle heure et revendiquant ensuite la liberté de mener leur vie comme ils l’entendent. Celui qui est pasteur doit se laisser prendre tout entier, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faudra pas s’accorder du repos, de la détente, mais quoique nous fassions, nous garderons sur nous l’odeur des brebis, c’est bien ce qui transparait dans la déclaration de Paul : Je ne cesse pas de rendre grâce, quand je fais mémoire de vous dans mes prières.

    Paul poursuit sa prière en faveur des chrétiens d’Ephèse avec ces mots : que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître. La théologie de Paul est bien au point parce que, de fait, parmi les 7 dons que donne l’Esprit-Saint, le don de sagesse est le plus désirable, c’est celui qu’on place au sommet de l’échelle puisque c’est lui qui harmonise nos vies pour qu’elles soient au diapason de Dieu. En demandant un esprit de sagesse pour les Ephésiens, Paul, en bon pasteur, demande vraiment le meilleur pour eux.

    Et sa prière se continue : Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles. Là encore, elle est belle et profondément juste cette prière parce que l’espérance ne doit pas naître de ce que nous voyons avec nos yeux de chair. D’ailleurs, avec ce que nous voyons, c’est parfois le désespoir qui pourrait naître en nous. C’est bien pour cela que Paul précise que l’espérance ne pourra nous habiter que si nous apprenons à regarder avec les yeux de notre cœur, c’est-à-dire avec un regard de foi porté sur les événements et sur les personnes. En effet, Paul veut que les choses soient claires : il nous a appelés pour que nous vivions dans l’espérance. Je relis sa formulation : pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel. Il nous appelle pour que nous nous tenions dans l’espérance.

    Il est essentiel de bien faire la différence entre espoir et espérance, Paul n’invite pas les chrétiens à l’espoir ou l’optimisme. L’optimisme, c’est une affaire de tempérament, l’espoir c’est le résultat d’une analyse lucide de la situation qui constate que le plus l’emporte sur le moins. L’espérance, c’est bien autre chose, c’est une vertu théologale, c’est-à-dire qu’elle est donnée par Dieu. L’espérance, comme le disait Péguy, c’est la petite sœur de la foi et de la charité. Il ne peut y avoir d’espérance sans foi parce que l’espérance, ce n’est pas chanter : ça ira mieux demain ! Non ! L’espérance, c’est croire qu’au bout du compte l’amour l’emportera quand Dieu sera tout en tous.

    Pour la suite de la prière qui n’est plus seulement une prière pour les pasteurs, je souligne encore cette parole que je reformule en changeant l’ordre des groupes de mots pour que nous réalisions mieux la puissance des paroles de Paul : « l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts, cette puissance incomparable il la déploie pour nous, les croyants ! »  On imagine la puissance qu’il a fallu pour faire revenir à la vie le cadavre de Jésus, eh bien, cette puissance que le Père a mise en œuvre à ce moment, il la met à notre disposition. Avons-nous assez de foi pour croire que cette puissance est à notre disposition et surtout avons-nous assez de foi pour oser nous servir de cette puissance ? C’est une bonne question à nous poser en ce jour où ous sommes venus à ce temps de prière de guérison.

    Quelques mots sur l’Evangile. Je voudrais m’arrêter sur cette parole de Jésus qui pourrait sembler tout à la fois énigmatique et redoutable : Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Pour Jésus, c’est clair tout peut être pardonné, tous peuvent être pardonnés, même ceux qui auront dit du mal de lui. Pourtant il y a quand même une restriction : si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites sur le sujet pour essayer de voir ce que Jésus vise en parlant du blasphème contre l’Esprit. Et c’est vrai qu’il est important d’avoir des idées claires sur le sujet puisque c’est le seul péché qui ne peut pas être pardonné. Il me semble qu’il ne faut pas trop se casser la tête parce que ce n’est pas si compliqué que ça ! Jésus dit que tout peut être pardonné à ceux qui croient que la miséricorde du Seigneur n’a pas de limite, par contre celui qui met des limites à la miséricorde, celui-là ne peut pas être pardonné. Ce n’est pas que Dieu ne veut pas lui pardonner, mais il ne peut pas car pour être pardonné encore faut-il croire au pardon sans limite. Ne pas croire en la miséricorde illimitée, c’est donc très grave puisque c’est ce que Jésus appelle le blasphème contre l’Esprit.

    Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, que cette grâce de ne jamais douter de la miséricorde nous soit accordée.