Introduction devant la statue de saint Padre Pio

 Mot d’accueil et sens de la célébration par le Père Roger Hebert

Pour notre première prière de guérison de cette nouvelle année pastorale, nous nous retrouvons près de la statue du Padre Pio parce que, lundi, nous allons célébrer sa fête. Moi qui suis originaire du diocèse du St Curé d’Ars, j’aime bien dire que le Padre Pio, c’est le St Curé d’Ars italien. Certes, chacun est unique, mais ils sont de la même trempe car ils ont été tous les deux de grands dispensateurs de la miséricorde du Seigneur. Cette miséricorde, nous la célébrons aussi de manière toute particulière, aujourd’hui puisque nous fêtons St Matthieu, celui qui, justement, a été appelé à devenir apôtre, par pure miséricorde du Seigneur puisque rien, mais alors vraiment rien ne le prédisposait à tenir cette place ! En effet, en occupant le poste de collecteur d’impôts au service de l’occupant, il était collaborateur et magouilleur. La miséricorde est du Seigneur est venu le saisir sans aucun mérite de sa part.

En invoquant l’intercession de St Matthieu, du Padre Pio et, bien sûr, de Notre Dame de Laghet, nous demanderons de manière particulière au cours de cette prière de guérison que la miséricorde du Seigneur vienne aussi nous rejoindre. En venant ici, certains sont venus avec des demandes très précises concernant une guérison qu’ils voulaient demander et c’est bien normal, mais, au-delà de ces demandes particulières, bien légitimes, ce qui nous réunit tous ce matin, vous, les sœurs, moi, c’est que nous avons besoin d’être « miséricordiés », d’être touchés par la miséricorde infinie du Seigneur. Matthieu a été guéri de son addiction à l’argent par le regard miséricordieux du Seigneur qui s’est posé sur lui, alors, sous le regard bienveillant du Padre Pio, prenons quelques instants de silence pour déjà présenter au Seigneur, sinon une addiction, au moins un péché dont nous n’arrivons pas à nous débarrasser. Demandons-lui avec foi que sa miséricorde nous saisisse et nous guérisse.

 Lecture de l’Evangile selon St Matthieu (19, 16-22)

 Et voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

Homélie du Père Roger

Elle est belle cette figure de cet homme dont on apprendra, à la fin de l’Evangile, qu’il s’agit d’un jeune homme. Comme tous les jeunes, mais au-delà des jeunes, comme chacun de nous, il est habité par ce grand désir de vivre, de vivre à fond, de ne pas se contenter d’une petite vie très étroite. C’est bien ce désir qu’il exprime en venant trouver Jésus pour lui demander : Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? Chez ce jeune homme qui est sans doute un jeune homme religieux, Jésus a perçu, derrière cette aspiration profonde, une grande droiture, alors il le renvoie à l’observance des commandements : Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. Le jeune homme est sans doute étonné de la réponse de Jésus car ce que vient de dire Jésus lui parait tellement évident qu’il demande le détail des commandements à respecter comme s’il espérait que Jésus en rajoute. Mais non, Jésus ne rajoute rien ! Il souligne juste que les commandements qui nous tournent vers les frères sont les plus décisifs pour avoir une vie comblée.

Alors le jeune homme, peut-être avec une pointe de déception, lui dit : Tout cela, je l’ai observé !  Je dis avec une pointe de déception car il voit bien que cette pratique de la Loi ne lui a pas apporté ce qu’il cherchait, du coup, il demande encore à Jésus : que me manque-t-il encore ? Et la réponse de Jésus est très belle, c’est comme s’il lui disait : il ne te manque rien, ton problème, c’est que tu as trop ! Alors, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux, tu pourras enfin vivre, vivre à fond puisque tu seras libéré de tout attachement. Comme toujours, la pédagogie de Jésus a été merveilleuse, il y est allé doucement, il a commencé par voir où en était ce jeune homme, au niveau de sa vie de foi et quand il a perçu à la fois l’immense désir qui l’habitait et ses grandes capacités, il lui a proposé de faire un pas de plus. Hélas, nous avons entendu comment ça s’est fini : à ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

 C’est sur ces mots que se termine le texte de Matthieu, mais moi, je suis sûr que ce n’est pas ainsi que s’est terminée l’histoire de foi de ce jeune homme. Vous n’êtes pas obligés de me suivre, mais je crois que la Parole de Jésus a fait son chemin et qu’un jour, constatant que ses grands biens l’empêchaient d’assouvir son désir de vie, il a fait ce que Jésus lui a proposé. Peut-être pas tout de suite, peut-être pas en une fois, mais il a compris que Jésus avait mis le doigt sur une blessure profonde chez lui. Cette blessure, c’était sa soif de posséder, son incapacité à se libérer de tant de superflu qui encombrait sa vie et mobilisait beaucoup trop d’énergie. Libre à vous d’imaginer une autre fin, mais ce dont je suis sûr, c’est que le visage de ce jeune homme a dû, longtemps, habiter la prière de Jésus.

Chers amis, nous qui sommes venus, ce matin, notre démarche ressemble à la démarche de ce jeune homme. Nous sommes venus présenter à Jésus ce qui contrarie, ce qui empêche l’épanouissement de notre désir de vie ou le désir de vie de ceux que nous aimons et pour qui nous sommes venus prier. Ça peut être une maladie physique, un handicap, une fragilité psychologique, une addiction, un problème spirituel, bref, chacun sait bien pourquoi il est là et ce qu’il veut demander à Jésus. Chacun est venu, comme le jeune homme dire à Jésus : il me manque quelque chose, il me manque la santé, l’équilibre, la liberté, la joie, dis-moi ce que je dois faire ! Et comme au jeune homme, Jésus s’adresse à nous, en nous disant : oui, ta demande est légitime, je te comprends, je connais tes souffrances, mais je te pose une question et j’aimerais que tu y réfléchisses sérieusement. Ecoutons donc Jésus nous demander : quel pas serais-tu prêt à faire pour te débarrasser de quelque chose qui t’encombre un peu trop et qui contrarie largement autant que ta maladie ton désir de vivre ? Donne-le-moi aujourd’hui et, pour le reste, fais-moi confiance, je m’occupe de toi, je ne t’oublie pas et, d’ailleurs, comment pourrais-je t’oublier puisque ma Mère, que je t’ai aussi donnée comme Mère, n’arrête pas de me parler de toi !

Peut-être que, comme pour le jeune homme, la question vient trop tôt, nous ne sommes pas encore prêts ou alors, nous ne voyons pas encore clairement ce qui nous encombre. Ne nous inquiétons pas si nous ne pouvons répondre aujourd’hui, le Seigneur nous gardera dans son cœur et sa Parole fera son chemin en nous, sollicitant notre liberté pour que, un jour, fortifiés par sa grâce, tel les ouvriers de la 11° heure, nous puissions lui remettre joyeusement ce qui nous encombre et goûter à la joie de la libération.