1° juin : 7° dimanche de Pâques : nous sommes aimés d’un amour invraisemblable !

Par Père Roger Hébert

On pourrait se demander pourquoi l’Eglise a choisi ce texte d’Evangile pour le dernier dimanche du temps pascal qui nous prépare à la grande fête de Pentecôte. Parce qu’en effet, il y a un vrai décalage puisque ce texte se situe dans le discours d’adieu de Jésus, donc juste avant sa mort. Oui, mais dans ces paroles, se cachent une merveilleuse annonce de la venue du Saint-Esprit. Tout au long de son discours d’adieu, Jésus a promis que, malgré sa mort, malgré son départ vers le Père, il n’abandonnerait pas ses apôtres, il ne les laisserait pas orphelins. Et cette promesse, il l’a dit à plusieurs reprises, s’accomplira par le don de l’Esprit-Saint. Avec l’Evangile d’aujourd’hui, nous sommes à la toute fin de ce discours d’adieu, ce sont les dernières paroles que Jésus peut adresser directement à ses apôtres. Alors, on n’a pas de peine à imaginer que, dans ces dernières paroles, Jésus a voulu concentrer ce qu’il avait de plus important à dire car ce sont toujours des dernières paroles de quelqu’un que nous nous souvenons le mieux, ce sont elles qui se gravent à tout jamais dans nos cœurs. Il faudrait avoir beaucoup de temps pour commenter chacune de ces paroles, comme l’homélie ne doit pas être trop longue, je vous propose de ne garder que deux de ces paroles.

La 1° parole que je garde, c’est la dernière, Jésus a le grand désir que l’amour dont le Père l’as aimé soit dans ses disciples et que, lui aussi, soit en eux. Je ne sais pas si nous arrivons à réaliser le poids de cette Parole ? Jésus veut que nous soyons aimés par le Père du même amour que, lui-même, le Fils éternel a été et reste aimé éternellement. Et c’est pour cela qu’il s’apprête à donner sa vie, à verser son sang, c’est pour que nous puissions être aimés, par le Père, du même amour qu’il a été aimé et qu’il reste aimé. C’est fou !

  • Nous devrions y repenser quand nous sommes en panne d’estime de nous-mêmes, quand les autres nous humilient. Puisque le Père tout-puissant, créateur de l’univers visible et invisible nous aime du même amour qu’il aime Jésus, notre dignité est tellement grande que rien ni personne ne pourra jamais nous la voler.
  • Nous devrions y repenser aussi quand nous sommes pris dans des crises d’égo ! Ce qui fait notre valeur, ce n’est pas ce que nous faisons, ce que nous possédons, c’est ce que nous sommes ! C’est-à-dire que c’est notre identité d’enfants bien-aimés du Père, des enfants que le Père n’aime ni plus ni moins que le dernier des parias.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, Jésus rajoute qu’il désire, en plus être, lui aussi présent dans le cœur de ses disciples. Oui, c’est tellement grand ! Mais en même temps, on aurait presque envie de dire qu’il manque quelqu’un dans l’expression de ce si grand désir de Jésus, c’est l’Esprit-Saint. Et c’est d’autant plus étonnant que nous sommes à une semaine de la Pentecôte, dommage que l’Eglise n’ait pas choisi un texte parlant de la promesse du Saint-Esprit ! En fait, le Saint-Esprit, même s’il n’est pas mentionné est vraiment présent. En effet, c’est Lui qui nous permettra de goûter l’immense amour que le Père porte à chacun de nous, c’est Lui qui nous permettra d’accueillir la présence d’amour de Jésus au cœur de nos vies. Saint Augustin avait donné une très belle définition de la Trinité en disant : le Père, c’est celui qui aime ; le Fils, c’est celui qui est aimé et l’Esprit-Saint, c’est l’Amour. Ce que St Paul formulera à sa manière en disant : l’amour a été répandu dans nos cœurs quand l’Esprit-Saint nous a été donné. Rm 5,5 En exprimant ce grand désir dans ses dernières paroles, c’est donc comme si Jésus disait que c’est le don de l’Esprit-Saint qui accomplira ce désir.

Maintenant, j’en viens à la 2° parole que je veux garder parce qu’à travers ses dernières paroles, Jésus nous dit aussi à quelle condition son grand désir pourra s’accomplir, à quelle condition le Saint-Esprit pourra déverser dans nos cœurs l’amour du Père et établir en nous la présence de Jésus. Cette condition, elle se trouve exprimée dans cette demande que nous connaissons bien : Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi. Cette prière pour l’unité, que Jésus formule au cœur de ses dernières paroles, elle dit la condition sine qua non pour que l’Esprit puisse habiter dans nos cœurs. Nous l’entendrons dimanche prochain dans le récit de la Pentecôte.

Le récit commence en disant que les apôtres étaient réunis tous ensemble et le texte grec rajoute même : tous ensemble, réunis en un même lieu ! Ces répétitions soulignent bien qu’ils étaient dans l’unité et c’est parce qu’ils étaient dans l’unité que l’Esprit-Saint a pu venir sur eux. Là où il y a la division, la zizanie, l’Esprit-Saint est comme bloqué, il ne peut agir. Voilà pourquoi les dernières paroles de Jésus sont une prière pour l’unité. Il veut que l’Esprit-Saint soit répandu dans le cœur des apôtres pour qu’ils puissent être inondés de l’amour du Père et de sa présence, mais il sait que sans l’unité, cela ne sera pas possible. Ce qui était vrai il y a 2000 ans demeure toujours vrai ! La zizanie, la désunion est l’obstacle majeur à l’action de l’Esprit-Saint. Si j’entretiens la zizanie, l’Esprit-Saint est bloqué à la porte de mon cœur ; si nous laissons la zizanie s’installer dans notre famille, dans notre communauté, l’Esprit-Saint restera bloqué à la porte de notre famille, de notre communauté.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce d’être des artisans de paix et d’unité pour que l’Esprit-Saint puisse être répandu dans nos cœurs afin que nous goûtions aux bienfaits de l’immense amour du Père et de la douce présence de Jésus et que nous en soyons témoins dans notre monde qui en a tant besoin !