15 août : Assomption de la Vierge Marie (Messe de la veille)
Vous permettrez au prêtre du diocèse du curé d’Ars que je suis de commencer cette homélie en racontant l’histoire de son arrivée à Ars que vous connaissez d’ailleurs tous sans doute. Quand Jean-Marie Vianney arrive à Ars, il y a un épais brouillard, il se perd un peu, il entend les cloches d’un troupeau et se dit : s’il y a un troupeau, c’est qu’il y a un berger, je vais donc pouvoir lui demander de m’aider à m’orienter. C’est ce qu’il fait ! Et au berger qui le mettra sur le bon chemin, il va dire cette parole célèbre : « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ! » C’était en février 1818. Eh bien, je crois que cette fête de l’Assomption que nous célébrons contient cette même promesse dont chacun de nous se trouve destinataire, mais cette fois, c’est la Vierge Marie qui nous l’adresse. Puisqu’elle est parvenue au ciel avec son corps, c’est ce que nous célébrons en cette fête de l’Assomption, elle nous dit : « écoute-moi, je veux te montrer le chemin du ciel, parce qu’il n’y a rien de plus désirable que de connaître ce chemin. »
Mais, quand je dis ça, est-ce que ça nous parle vraiment ? Est-ce nous sommes convaincus qu’il n’y a rien de plus désirable que de connaître le chemin du ciel et de parcourir ce chemin ? Vous, puisque vous êtes venus célébrer cette fête de l’Assomption, et que vous êtes là à cette messe tardive, vous désirez connaître ce chemin du ciel et le parcourir. Par contre, il semble qu’un bon nombre de nos contemporains ne soit pas très pressé de se mettre en route sur ce chemin et de parvenir au but.
En étant lucide et honnête, on ne peut que reconnaître que l’absence de Dieu rend ce monde de plus en plus invivable. Bien sûr, chacun a le droit de croire ou de ne pas croire, il ne me viendrait pas à l’idée de remettre en cause ce droit fondamental ! Mais, autant dans le passé, il y a eu des croisades pour imposer la foi chrétienne, autant, aujourd’hui, le principe de ces croisades s’est inversé, ceux qui les mènent veulent éradiquer la foi chrétienne et certains s’y emploient vraiment. L’histoire devrait pourtant nous mettre en garde sur les conséquences de tels actes. Les Etats qui ont voulu, « manu militari » éjecter Dieu et interdire la foi n’ont pas tenu leurs promesses d’instaurer des sociétés fraternelles, c’est le moins qu’on puisse dire !
Toutefois, je suis sûr que ces croisades anti-chrétiennes menées souvent de manière souterraine, ne sont rien à côté de la croisade matérialiste qui commet encore plus de dégâts en laissant croire que le Bonheur est dans la consommation et qu’il n’y a rien d’autre à espérer que de profiter de la vie autant qu’on le peut, même si, pour satisfaire notre soif d’avoir toujours plus, nous devons laisser sur le carreau la moitié de la planète et même si nous devons ruiner l’avenir de notre planète et laisser ceux qui viendront après nous se débrouiller !
En son temps, j’avais été très étonné par ce qu’écrivait Régis Debray, un philosophe contemporain qui revendique clairement son athéisme mais qui a pourtant écrit ces quelques lignes étonnantes pour un athée : « Je vous préviens si vous ne faites pas un trou dans le plafond, vous allez asphyxier. Peu importe ce que vous y mettez, ce qui compte, c’est la bouche d’air. Vous n’échapperez pas à la verticale. »
Il a raison Régis Debray, s’il n’y a plus de ciel ouvert, accessible, alors nous sommes comme enfermés dans ce monde qui ressemble de plus en plus à une grande boite de laquelle il n’y a aucune échappatoire possible.
Quand nous sommes enfermés, tous, nous devenons plus ou moins claustrophobes ! Et c’est, au moins en partie, une explication à l’angoisse du monde. La claustrophobie gagne du terrain, du coup, les hommes commencent à se sentir de plus en plus mal !
Cette fête de l’Assomption est donc une bonne nouvelle, une vraie bonne nouvelle, Marie veut nous montrer le chemin du ciel, elle nous dit que le ciel est ouvert et que nous y avons chacun notre place. Devenons ces chrétiens passionnés, tellement passionnés de Dieu et tellement passionnés de nos frères que nous donnerons le meilleur de nous-mêmes pour montrer le chemin du ciel à tous ceux qui crient leur peur de mourir asphyxiés. Mais attention, il ne s’agit pas de montrer le ciel uniquement par des belles paroles comme savent en prononcer tous ceux qui sont ceinture noire de caté ! Non, il s’agit de montrer le ciel en menant une vie qui permettent à ceux qui sont en train de s’asphyxier d’entrevoir sur terre ce que sera le Bonheur du ciel.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de devenir ces témoins.