17 avril: jeudi saint: l’eucharistie transfusion de vie.
Vous le savez nous sommes dans une année jubilaire … ça serait difficile de ne pas le savoir si vous êtes venu en traversant le cloitre puisqu’il y a tous les panneaux qui proposent justement de faire la démarche jubilaire. Chaque jubilé a son thème qui est donné par le pape ; et, pour ce jubilé, le pape François a choisi l’espérance comme thème ou plutôt, il offre à l’Eglise ce jubilé pour permettre à chaque chrétien de devenir « pèlerin d’espérance ». En formulant les choses ainsi, nous percevons un peu mieux la dynamique du jubilé qui nous invite fortement à nous bouger pour devenir ces pèlerins d’espérance. Oui, mais se bouger, entrer dans la dynamique d’un pèlerinage d’espérance, ça nécessite de prendre des forces pour ne pas caler trop vite.
Dans cette perspective, je me suis dit, à moins que ce ne soit le Saint-Esprit qui me l’ait soufflé, qu’en ce jeudi saint, jour où nous fêtons l’institution de l’Eucharistie, il serait bon de voir comment l’Eucharistie est précisément la nourriture qui vient fortifier les chrétiens pour qu’ils puissent résolument se mettre en route dans leur pèlerinage d’espérance. Evidemment, il y aurait 1000 manières, toutes aussi intéressantes les unes que les autres, de développer ce thème. Alors, si au terme de cette homélie, vous vous dites : il aurait pu aussi développer tel ou tel point, c’est le Saint-Esprit qui vous suggère de prolonger ma méditation par la vôtre, plus personnelle sur ces points et vous aurez toute la veillée au reposoir pour le faire !
Dans ma méditation personnelle sur le lien entre l’Eucharistie et l’espérance, le Saint-Esprit a fait remonter à ma mémoire un très beau texte qui se trouve au chapitre 19 du 1° livre des Rois. Le prophète Eli se retrouve dans une profonde dépression spirituelle, je n’ai pas le temps d’expliquer les circonstances qui l’ont conduit dans cet état, mais c’est du sérieux. Il a l’impression que tout le monde se ligue contre lui, que les événements lui sont tous défavorables et que Dieu, lui-même semble le délaisser. Alors, c’est trop lourd pour lui et il demande la mort en s’en dormant sous un buisson et en espérant ne jamais se réveiller. Et là c’est magnifique, au bout d’un moment, un ange, envoyé de Dieu, le touche délicatement pour le réveiller et lui dit : Lève-toi, et mange !Manger quoi ? On est en plein désert ! En ouvrant les yeux, Eli voit une galette déposée à côté de lui, il mange et se rendort. Une 2° fois, l’ange vient le réveiller pour l’inviter à manger cette galette qu’il a déposé à ses côtés. Le texte nous dit alors : Élie se leva, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.
A chaque fois que je lis ce texte, je ne peux pas m’empêcher de faire le parallèle avec l’Eucharistie, la nourriture que le Seigneur nous donne pour nous fortifier afin que nous puissions nous lever quand nous n’en pouvons plus. Oui, l’Eucharistie est vraiment le pain qui vient restaurer l’espérance quand nous sommes au fond du trou.
Et j’en ai eu une confirmation, lundi, au cours de la rencontre du presbyterium que nous avons vécu, ici, autour de notre évêque. Nous avons entendu le témoignage du père Pierre AMAR, un prêtre versaillais assez connu puisqu’il fait partie de l’équipe des « Padreblog ». Ce prêtre a connu un sérieux pépin de santé totalement imprévisible qui s’est abattu sur lui. Lui qui était hyperactif s’est retrouvé « hors-service » c’est le titre qu’il a donné au livre qu’il a écrit pour raconter ce qui lui est arrivé. Sur son lit d’hôpital, avec un pronostic de vie réservé, accablé de douleurs, sans pouvoir vraiment bouger, il a reçu la visite de l’aumônier à qui il a expliqué qu’il ne pouvait pas communier, il était nourri par une sonde. L’aumônier lui dit que ce n’était pas un problème, qu’il était habitué à ce genre de situation. Alors, il sort de sa sacoche une pipette pleine du précieux sang de Jésus qui avait été consacré à la messe qu’il venait de célébrer et il met quelques gouttes sur la langue du père Pierre. Une fois que c’est fait l’aumônier prononce cette parole extraordinaire, il lui dit : « Te voilà transfusé ! » Cette parole était tellement vraie qu’elle a bouleversé son cœur. Il avait été transfusé deux fois dans les jours précédents tellement sa situation était grave, transfusé avec le sang d’un généreux donneur de sang. Là, avec ces quelques gouttes, il était transfusé avec le sang du Christ ! C’est la vie du Christ qui se mettait à couler en lui, il pouvait être tranquille.
Il peut nous arriver d’être dans la situation d’Eli, traversant une profonde dépression, des moments de grand découragement. Il peut aussi nous arriver d’être dans la situation du père Pierre, en grande faiblesse, pensant que nous ne nous en sortirons pas. Il peut aussi, Dieu soit loué, nous arriver d’être en pleine forme. Quand nous allons communier, est-ce que nous réalisons que c’est la vie du Christ qui va se répandre en nous, visiter la totalité de notre corps ? Même si nous ne communions pas au sang du Christ, est-ce que nous croyons que la communion, c’est une transfusion de vie, une transfusion d’amour ? Peut-être allez-vous penser que vous ne ressentez rien de tout cela ! Mais peu importe ce que nous ressentons ou pas, ce qui compte, c’est que nous venions communier avec le plus de foi possible et qu’à la manière de Sr Faustine, nous puissions dire : Jésus, j’ai confiance en toi ! Jésus, même si je ne ressens rien, je sais que tu vas travailler en moi parce que tu ne peux pas établir ta demeure dans un cœur sans le restaurer profondément. Jésus j’accepte de ne pas voir les effets immédiats du traitement, mais je te promets de ne pas l’interrompre parce que je crois que si je l’interrompais, n’étant plus transfusé par ton amour, je risquerais très vite de tomber dans la médiocrité, je me mettrais alors à désespérer de moi, des autres et sans doute assez vite de toi aussi !
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons la grâce de pouvoir nous approcher de l’Eucharistie avec une foi renouvelée pour que notre espérance ne cesse d’être alimentée afin que le Seigneur puisse nous prodiguer les soins dont nous avons besoin.



