19 janvier : 2° dimanche temps ordinaire C
Dimanche dernier, en la fête du Baptême de Jésus, je nous demandais d’être attentifs à la Parole venue du ciel en expliquant que, dans tous les Evangiles, on n’entendait que deux fois la voix du Père du ciel. C’était donc au moment du Baptême de Jésus et lors de la Transfiguration. Et je vous disais que lorsque quelqu’un parle peu, on a intérêt à graver ses paroles dans nos cœurs. Eh bien, j’ai envie de dire la même chose aujourd’hui, mais en parlant de la Vierge Marie. Dans cet Evangile des noces de Cana, nous avons les deux seules paroles que prononcent la Vierge Marie au cours du ministère de Jésus.
Elle parle plus dans ce qu’on a pris l’habitude d’appeler les Evangiles de l’enfance. De fait, elle parle à l’Annonciation, à la Visitation, quand Jésus est retrouvé au Temple, les Evangiles ont ainsi recueilli 5 paroles de la Vierge Marie avant que Jésus ne commence son ministère. Mais, ensuite, ses paroles sont rares, tellement rares que les deux seules qui ont été recueillies et gardées sont celles que nous avons entendues dans cet Evangile. Puisqu’elles sont rares, elles sont forcément précieuses, du coup, je vous propose que nous nous arrêtions sur chacune de ces deux paroles. Et c’est bien normal que nous le fassions, ici, dans ce sanctuaire marial, où, plus qu’ailleurs, nous nous devons d’être attentifs à ce que Marie nous dit.
La 1° parole, c’est : ils n’ont plus de vin. Un petit mot sur le contexte pour comprendre comment c’est possible que le vin en soit venu à manquer alors que tout est si bien préparé, programmé dans la préparation d’un tel événement. Le texte nous dit : La mère de Jésus était là, Jésus aussi avait été invité au mariage, avec ses disciples. Moi, ce que j’entends, c’est que c’est Marie qui a été invitée et elle a dû dire : je veux bien venir, mais je ne viendrai pas sans Jésus. Marie ne fait jamais rien sans Jésus, c’était vrai hier, ça demeure vrai aujourd’hui. Quant à Jésus, quand l’invitation lui est parvenue, il a dit : je veux bien venir, mais pas sans mes disciples que j’ai commencé à appeler. Et, à ce moment-là, ils étaient au moins 5, si on se réfère à l’Evangile, Jean et André, Pierre, Philippe et Nathanaël. Alors vous voyez, il y a eu une invitée, Marie, et finalement, elle viendra avec 6 personnes, Jésus et 5 disciples. Si plusieurs invités ont agi de la sorte, on comprend qu’on ait pu manquer de vin, d’autant plus que le mariage s’étalait sur plusieurs jours. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’à un moment donné, le vin soit venu à manquer.
Par contre, il y a peut-être deux vrais sujets d’étonnement : le 1°, c’est que Marie s’en rende compte avant tout le monde et le 2°, c’est la manière dont elle va réagir. Regardons cela de plus près.
- 1° sujet d’étonnement : Marie se rend compte du problème avant tout le monde. C’est le signe qu’elle n’était pas une invitée qui était venue pour se mettre les pieds sous la table. La série « The Chosen » le rend très bien en présentant Marie arrivant, à l’improviste, avant le mariage, pour aider. Elle avait aidé à préparer, elle restera au service durant la fête ; du coup, très vite, en voyant la tête des organisateurs de la fête, elle comprend qu’il y a un problème.
- 2° sujet d’étonnement : la manière de réagir de Marie. Elle ne demande pas s’il y a un marchand de vin à proximité qui pourrait, en urgence, venir livrer de nouvelles amphores ! Elle va tout de suite trouver Jésus et ce qu’elle lui dit est tellement beau : ils n’ont plus de vin ! C’est donc la 1° des deux paroles de Marie que l’on trouve dans les Evangiles. Pourquoi je dis que cette parole est très belle ? Tout simplement parce qu’en la prononçant, Marie nous apprend comment intercéder. Elle ne fait aucune pression sur Jésus, en aucun cas, elle ne dicte à Jésus ce qu’il doit faire. Elle lui fait juste remarquer qu’il n’y pas plus de vin et elle ne rajoute rien, Jésus est suffisamment grand pour comprendre l’ampleur du problème et pour savoir ce qu’il doit faire. C’est le modèle de la prière d’intercession, la prière de Marie devrait inspirer nos prières : nous présentons au Seigneur, ceux que nous aimons, leurs problèmes, les nôtres et, pour la suite, nous lui faisons confiance. Toute la foi de Marie, toute sa confiance s’exprime dans ces quelques mots : ils n’ont plus de vin !
Voilà ce que je voulais dire sur la 1° parole de Marie, venons-en maintenant à la 2° parole !
La 2° parole, c’est : faites tout ce qu’il vous dira. Là encore, un petit mot sur le contexte pour comprendre le caractère inouï de cette parole. Quand Marie a fait part à Jésus du problème, quand elle lui a dit avec tant de confiance : ils n’ont plus de vin. Jésus a semblé répondre par une fin de non-recevoir : Mon heure n’est pas encore venue. Ça semblait assez clair ! Mais Marie, elle le connait son Jésus, alors elle dit aux serviteurs : tout ce qu’il vous dira, faites-le. Elle ne sait pas ce qu’il va faire mais, ce dont elle est sûre, c’est que ce qu’il dira, ce qu’il fera, ça sera bien. Et il faut croire qu’elle a prononcé ces paroles avec suffisamment de persuasion pour que, lorsque Jésus va parler, les serviteurs exécutent ses ordres complètement fous sans les contester. Oui, parce que les ordres donnés aux serviteurs sont complètement fous.
- La 1° ordre est vraiment insensé ! Les serviteurs, qui s’activent en cuisine, eux, ils savent que c’est de vin qu’on manque, pas d’eau ! Or Jésus dit : remplissez d’eau ces jarres ! Et ces jarres, on sait qu’elles contenaient 100 litres d’eau chacune. Remplir 6 jarres de 100 litres, à l’époque où il n’y avait pas de tuyau d’arrosage et où il fallait donc puiser dans un puits, ce n’était pas une mince affaire. Mais aucun des serviteurs ne conteste, vraiment, il faut croire que Marie avait su être persuasive.
- Le 2° ordre, c’est : puisez, et portez-en au maître du repas. Encore plus insensé ! Les serviteurs, ils savent ce qu’ils ont mis dans ces jarres, c’est de l’eau et à aucun moment, ils n’ont vu Jésus ajouter une poudre de Perlimpinpin ! Comment porter ça au maitre du maison qui, en raison du problème, devait être d’une humeur épouvantable ? Mais là, encore, ils ne contestent pas et exécutent l’ordre. Vraiment, pour qu’ils osent le faire, Marie avait dû être super-persuasive.
Voilà ce que nous apprend ce texte d’Evangile en nous livrant les deux seules paroles de Marie de tout le ministère public de Jésus. Avec la 1° parole, elle nous apprend à intercéder ; avec la 2° parole, elle nous apprend la confiance, même quand ce que Jésus nous demande semble complètement déraisonnable. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que ces paroles et ce qu’elles nous enseignent se gravent profondément dans nos cœurs.