20 avril : Pâques : Une manière d’exprimer sa foi propre à chacun.
Certaines personnes, loin de l’Eglise, pensent que les cathos sont tous sur le même modèle, ça me fait doucement rigoler ! Parce que, de manière générale, il y a plus de diversité que d’uniformité ! Si tous les croyants partagent la même foi, le même contenu de la foi, pour autant, ils restent fort différents les uns des autres et c’est comme ça depuis l’origine. De ce point de vie, l’Évangile de ce jour est très intéressant car il nous brosse trois portraits de croyants et vous allez voir qu’il n’y en a pas un qui ressemble à l’autre. Peut-être certains d’entre vous se reconnaîtront dans l’un de ces trois portraits et si vous ne vous reconnaissez pas, ce n’est pas grave, les Ecritures, l’histoire de l’Eglise nous en brossent tant d’autres !
Le 1° portrait, c’est celui d’une femme Marie-Madeleine. Cette femme est le type même du croyant qui croit avec son cœur, dont la foi est empreinte d’une grande sensibilité. Le jour n’est encore pas levé qu’elle se rend déjà au tombeau. Qu’allait-elle y faire ? Nous savons par les autres évangiles qu’un autre groupe de femmes devait se rendre au tombeau pour embaumer le corps de Jésus. Marie-Madeleine devance ce groupe. Elle sait très bien qu’elle ne pourra pas y entrer à cause de la grosse pierre, mais, ça ne fait rien, elle veut être le plus près possible du corps de Jésus parce qu’elle ne supporte plus son absence. Elle veut donc être là, tout près de lui. Il faut dire qu’elle a de bonnes raisons de vouloir être si près de lui. En effet, en lui redonnant sa dignité de femme, Jésus l’avait fait passer en un instant de l’enfer au paradis. Faire passer, en un instant de l’enfer au paradis, c’était un peu sa spécialité à Jésus, le bon larron pourrait en témoigner ! Alors, évidemment, quand celui qui vous a fait passer de l’enfer au paradis est mort, vous vous trouvez bien désemparé. On comprend qu’elle fasse tout pour passer encore un moment auprès de lui, même si son corps est inanimé. Voilà, ça c’est Marie-Madeleine !
Tous ceux qui ont vu leur vie bouleversée par une rencontre décisive avec le Seigneur croient à la manière de Marie-Madeleine, ils peuvent tous se reconnaître dans le portrait de cette croyante qui croit d’abord avec son cœur, avec sa sensibilité. Elle est comme leur sainte patronne, eh bien qu’elle intercède pour eux afin que leur cœur reste ardent.
Le 2° portrait, c’est celui de Jean. Lui, j’ai envie de dire qu’il croit à la manière des premiers de la classe. Jean il a toujours été, et en tout, premier de la classe ! Il a dû être apôtre très très jeune, vers 16 ou 18 ans, avouez qu’il faut quand même le faire. Ensuite, sa manière d’être apôtre était tellement exemplaire qu’il a hérité de ce très beau nom : le disciple que Jésus aimait. Bien sûr, Jésus aimait tous ses disciples, mais pour celui-là, il avait un faible, il était tellement plus doué que les autres ! Enfin, au moment de la passion, quand tous les autres vont le lâcher, lui, il suivra jusqu’au bout. Et dans le texte que nous venons de lire, nous le voyons courir vite, plus vite que Pierre. Vous voyez, même quand il court, il est encore premier de la classe ! Et ce n’est pas tout parce qu’au niveau du respect de la hiérarchie, il est encore premier de la classe ! Il arrive bien avant Pierre, mais il ne se permet pas d’entrer il attend que Pierre le fasse en premier. Et lui, Jean, quand il entre dans le tombeau, il nous est dit : « il vit et il crut. » Il n’a pas besoin d’explication, il n’a pas besoin d’apparition ce qu’il voit lui permet de croire immédiatement, même s’il ne voit qu’une chose, c’est le vide ! Quand je vous dis que c’est le premier de la classe, c’est bien vrai et vrai dans tous les domaines.
Il y a comme cela des croyants doués qui n’ont pas de problème pour croire, qui n’ont pas de doute, qui n’ont pas besoin de preuve ni de signes. Ils croient comme des premiers de la classe, tant mieux pour eux ! Mais tout le monde ne peut pas être premier de la classe ! Si, pour vous, la foi est plus difficile, ne vous inquiétez pas, on n’est pas obligé d’être premier de la classe pour croire, le portrait de Pierre va nous le démontrer. Mais si vous n’avez pas de problème, ne vous torturez pas non plus, St Jean est votre patron et qu’il intercède afin que votre foi reste paisible !
Pierre, lui, il sera un croyant d’un tout autre type. On nous dit que Jean est arrivé le premier au tombeau et on en déduit qu’il courait plus vite parce qu’il était plus jeune. C’est sans doute vrai, mais il y a une autre explication. Pierre, ça faisait trois nuits qu’il ne dormait pas !
Dans la nuit du jeudi au vendredi, il était avec Jésus à Gethsémani, et il y a eu ce terrible moment terrible du triple reniement. Par la suite, il n’a pas dû beaucoup dormir ! J’imagine volontiers que la nuit du vendredi au samedi et la nuit du samedi au dimanche, il n’a pas fermé l’œil de la nuit, rongé par la culpabilité. Alors, avec l’âge, le manque de sommeil, le poids de la culpabilité, on comprend qu’il n’arrive pas à suivre le rythme imposé par Jean. Malgré tout, il faut le souligner, Pierre se rend quand même au tombeau, il réunit ce qui lui reste d’énergie pour essayer de courir encore. Avec tout ce qui lui était arrivé, il aurait pu dire : j’arrête tout, apôtre, ce n’est pas fait pour moi. C’est sûr, Pierre ne croit pas à la manière d’un premier de la classe, lui, sa foi est moins vive, moins pure, elle est moins ardente que celle de Marie-Madeleine, il est un peu, comme certains vieux moteurs diésels, plus lents à démarrer, mais quand ils sont lancés, ils deviennent increvables. C’est sans doute pour cela que Jésus a choisi Pierre comme responsable.
Il y a beaucoup de croyants qui croient à la manière de Pierre, avec lenteur, avec des hauts et des bas, mais qui finissent quand même par aller très loin. Que St Pierre, leur Saint Patron intercède pour eux afin qu’ils comptent toujours plus sur le Saint-Esprit.
Je conclus en disant : peu importe la manière dont nous croyons, l’essentiel c’est de croire et cet Evangile nous montre qu’il n’y a pas de norme ! Et si, jamais, vous connaissiez une crise de foi, pas celle qui vous guette si abusez de chocolats, mais la crise de foi qui conduit à ne plus savoir où on est dans sa relation à Dieu, je vous annonce une bonne nouvelle. Comme nous l’avons déjà fait hier dans la nuit, dans un instant, nous allons, renouveler la foi de nos baptêmes. Après avoir renoncé au mal, nous dirons oui à la foi de l’Eglise, si la vôtre est fragile appuyez-vous sur cette foi commune ! Ensuite, comme hier, je passerai au milieu de vous pour vous asperger avec l’eau qui rappelle l’eau de notre baptême, cette eau dans laquelle ont été baptisés les catéchumènes cette nuit. Alors vous pourrez demander avec tout votre cœur que la pompe de la foi soit réamorcée dans vos cœurs. Je me rappelle, quand j’étais enfant, il y avait une grand-mère qui habitait juste à côté de chez nous. Et cette grand-mère avait une vieille pompe à main de laquelle coulait une eau merveilleusement bonne. Mais, en début de saison, la pompe était désamorcée, l’eau ne coulait plus, pour la réamorcer, on prenait de l’eau que l’on versait dans le corps de la pompe et on pompait et on pompait ! Alors au bout d’un moment l’eau finissait par couler à nouveau. Si la pompe de la foi est désamorcée dans votre cœur, demandez que cette eau du baptême dont serez aspergé vienne la réamorcer.
C’est la grâce que nous pouvons tous demander à Notre Dame de Laghet, car même si la pompe n’était pas désamorcée, un débit encore plus fort nous ferait du bien à tous !



