28 juillet : 17° dimanche ordinaire
L’ Evangile nous donne à entendre, aujourd’hui, le début du fameux discours de Jésus sur le pain de vie que l’on trouve au chapitre 6 de St Jean. Nous lirons des extraits de ce discours jusqu’à fin août. Ça sera pour nous une belle occasion d’approfondir le mystère de l’Eucharistie. Vous savez, en effet, que St Jean ne relate pas le récit de l’institution de l’Eucharistie, il raconte, à la place, le lavement des pieds, geste qui a aussi eu lieu au cours du dernier repas. Si l’on veut donc lire, dans l’Evangile de St Jean, des textes « à saveur eucharistique », c’est ce chapitre 6 qu’il faut lire. Et, ce chapitre, il commence par le récit de la multiplication des pains que nous venons d’entendre, tout le reste du chapitre sera donc comme une catéchèse de Jésus qui expliquera que ce miracle est comme une anticipation de ce qu’il fera au soir du jeudi Saint.
Dans ce texte, très riche, ce qui a retenu mon attention, c’est cette mention de St Jean, expliquant que la question que Jésus posait à Philippe visait à le mettre à l’épreuve. Jésus dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Aujourd’hui, on dirait plus volontiers que Jésus a voulu tester Philippe, vérifier où il en était de sa foi. Vous aurez remarqué que, dans la 1° lecture, nous étions exactement dans la même problématique. Mais revenons à l’Evangile, après avoir entendu cela, nous nous posons forcément la question : est-ce que le test a été concluant ?
Eh bien, pas vraiment ! La réponse de Philippe est décevante pour Jésus : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Cette réponse est pleine de bon sens, mais décevante en ce qui concerne le test qui visait à voir où Philippe en était de sa foi. Et l’intervention, à nouveau pleine de bon sens, d’André ne pourra que renforcer la déception de Jésus : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
Pourquoi je dis que leurs interventions sont décevantes ? Tout simplement parce qu’ils ont Jésus devant eux et qu’aucun d’eux ne pense à dire à Jésus : nous, nous ne voyons pas de solution, nourrir une telle foule, à l’improviste ou d’ailleurs en ayant préparé, c’est rigoureusement impossible avec les moyens dont nous disposons ! Pour nous c’est impossible, mais pas pour toi, puisque tu es le Fils du Dieu Tout-Puissant ! Hélas, ni Philippe, ni André, ni aucun des autres apôtres ne formule une telle proposition. Si vous voulez, c’est un peu comme si le chauffeur d’un camion-citerne d’essence tombait en panne sèche et se demandait comment il allait faire ! Il a des milliers de litres, dans la cuve, derrière lui et il se demande comment il va faire !? Eux, les apôtres, ils ont Jésus, à côté d’eux, le Fils du Dieu Tout-Puissant et ils se demandent comment faire !
Vous comprenez bien que, si j’insiste tant, c’est parce que nous nous retrouvons souvent de telles situations. Evidemment, il ne s’agit pas d’implorer la puissance du Seigneur pour remplir le frigo quand on a oublié de faire des courses ! Mais nous nous retrouvons tellement souvent devant des situations qui nous dépassent. Quand on est parent, comment donner tout l’amour que chaque enfant réclame, surtout quand l’un ou l’autre de ces enfants est difficile et déçoit ? Quand on est enfant comment donner tout l’amour que des parents sont en droit d’attendre alors que parfois, les relations sont tendues, l’incompréhension s’installe ? Et quand les parents vieillissent et que tout devient très compliqué, comment leur donner encore cet amour ? Entre conjoints, la question peut se poser aussi, à certains moments, de même dans la vie communautaire.
Nos réserves d’amour paraissent bien dérisoires, alors comme Philippe, nous avons envie de dire : ça ne suffira jamais ! Comme André, nous avons envie de dire : nous avons si peu, que ça ne vaut même pas la peine de penser à partager quoique ce soit. Et c’est ainsi que, soit nous ne donnons plus rien, soit nous opérons des restrictions dans notre don en le mesurant et en nous servant, en permanence, d’un compte-gouttes pour doser l’amour que nous donnons : 10 goutes à ceux que nous aimons le plus, une goutte à ceux qui sont plus loin de nous et rein à ceux qui ne le méritent pas !
Mais le Seigneur, lui, ne nous aime pas en utilisant un compte-gouttes ! Jamais il ne dose, jamais il ne rationne ! Et il le fait parce que ses réserves d’amour sont illimitées. L’image du camion-citerne que j’utilisais est bien insuffisante pour parler des réserves d’amour qui sont dans le cœur de notre Seigneur ! Il n’a pas une citerne en réserve, son cœur est une source d’amour en jaillissement permanent. Parc ce miracle de la multiplication des pains, c’est comme si Jésus voulait donner une grande leçon de foi à ses apôtres en leur disant : dans le ministère que je veux vous confier, vous serez, en permanence dépassés, la demande sera toujours disproportionnée face à vos possibilités de donner. La seule solution qui s’offre à vous, c’est de ne pas chercher à puiser dans vos pauvres réserves, si vite épuisées, mais à puiser dans les réserves inépuisables qui se trouvent dans le cœur du Seigneur.
Philippe et André auraient donc dû dire à Jésus : nous n’avons pas la solution, mais, toi, tu es la solution. Je ne dis pas que Jésus A toutes les solutions à nos problèmes, je dis que Jésus EST la solution à tous nos problèmes. Evidemment, une question se pose : comment puiser dans le cœur du Seigneur ? Eh bien, pour avoir la réponse, je vous propose de revenir la semaine prochaine ! Puisque ce discours sur le Pain de Vie se déploie sur plusieurs dimanches, il faudra forcément plusieurs homélies pour le commenter !
Pour aujourd’hui, demandons à Notre Dame de Laghet la grâce d’un accroissement de notre foi pour que nous puissions croire que Jésus est la solution !



