Avez-vous compté toutes les lectures entendues ? Il y avait 7 lectures du Premier Testament, une 8° tirée de la lettre aux Romains et enfin la 9° qui était l’Evangile. 9 lectures, ça fait beaucoup ! Oui, mais 9, dans la Bible, c’est un chiffre imparfait, il faut donc une 10° parole qui vienne compléter et ça sera donc la mienne dans cette homélie. Oh, bien sûr, la mienne n’est pas sur le même plan que les autres par lesquelles, c’était Dieu, lui-même qui vous parlait, mais j’espère qu’à travers la mienne, c’est aussi l’Esprit-Saint qui vous enseigne … en tous les cas, j’essaie de me laisser enseigner par Lui quand je prépare !

Ce qui a attiré mon attention, c’est le début de l’Evangile : Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. Ces femmes étaient venues pour pratiquer les rites d’embaumement qu’elles n’avaient pas pu faire au moment où il aurait fallu les faire, c’est-à-dire lors de la mise au tombeau, car le sabbat arrivait trop vite. Mais il est bon de se poser cette question : à quoi servaient ces rites d’embaumement ? La réponse est simple : l’embaumement servait à retarder les effets de la mort. Nous le savons tous, un corps sans vie va, très vite, être livré à la décomposition. Ces rites d’embaumement cherchaient donc à retarder la décomposition du corps en tentant, j’allais dire de manière quasi-désespérée, de garder le corps aimé encore un peu de temps du côté de la vie.

Cette démarche des femmes, elle rejoint bien ce grand désir de vie qui habite le cœur de toute personne. De tout temps, avec les moyens dont on disposait, on a cherché à faire reculer les frontières de la mort. Dans l’antiquité, l’aménagement des pyramides et des sarcophages l’atteste. Aujourd’hui, puisque nous avons beaucoup plus de moyens, ce sont des techniques de plus en plus sophistiquées et aussi de plus en plus folles et couteuses qui sont mises en œuvre pour faire reculer les frontières de la mort. Pensons à la cryogénisation, cette technique encore interdite en France, mais autorisée en certains pays, où des personnes très riches se font plonger dans un froid intense, un peu avant de mourir, en espérant qu’un jour les avancées de la médecine seront suffisantes pour que leur corps, une fois réchauffé, puisse être soigné et reprendre une vie normale. Et, de cryogénisation en cryogénisation, ils espèrent ne plus mourir. Pensons aussi à toutes les recherches qui se font pour atteindre ce qu’on appelle un « homme augmenté » tellement augmenté qu’il ne mourrait plus. Ce qui était resté longtemps de la science-fiction, commence à devenir possible.

Bien sûr, derrière tout cela, il y a un immense scandale car ces recherches pour prolonger la vie de quelques privilégiés coûtent des milliards et le plus terrible, c’est que ces milliards ils n’ont pas de peine à les trouver, alors que, dans le même temps, le nombre de ceux qui vivent très largement en-dessous du seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter ! Nous marchons sur la tête !

Au-delà de ce scandale, toutes ces techniques sophistiquées, comme tous ces rites ancestraux d’embaumement montrent clairement qu’il y a dans le cœur de l’homme un désir infini d’une vie infinie. Nous ne devons pas être surpris : puisque l’homme a été créé à l’image de Dieu, il n’est pas étonnant que Dieu ait déposé ce désir dans son cœur puisqu’il est le Dieu de la Vie. Oui, mais alors, il faut aller jusqu’au bout, beaucoup, si c’est Dieu qui a mis ce désir infini de vie infinie, ça signifie qu’il n’y a que Dieu qui puisse le combler, répondre à ce désir infini de vie infinie. Aucun rite, aucune technique ne pourra donner cette vie infinie. Et même pire, en s’entêtant dans leurs recherches, leurs bricolages, les hommes risquent bien de jouer aux apprentis-sorciers, tout cela finissant par se retourner contre eux, non pas parce que Dieu va les punir, mais quand la nature est violentée, elle finit toujours par se rebeller. C’est bien connu : qui sème le vent récolte la tempête ! Seul Dieu peut répondre à ce désir infini de vie infinie.

Et c’est bien ce que les femmes vont découvrir en allant embaumer le corps de Jésus. Elles vont être mises en contact avec la puissance de vie de Dieu qui a arraché le corps de son Fils à la mort pour le faire entrer, par la résurrection, dans la vie. Et la lecture de St Paul contenait une merveilleuse promesse : ce qui est arrivé à Jésus, c’est ce qui nous arrivera : si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne.

Frères et sœurs, nous les chrétiens, nous sommes donc dépositaires de cette bonne nouvelle extraordinaire : Dieu veut répondre au désir infini de vie infinie qui habite le cœur de tout être humain. Mais il ne le fera pas en nous accordant une prolongation de contrat de 10, 20, 50 ou 100 ans. Peu importe la durée de la prolongation, ça resterait toujours une prolongation. Ce que Dieu veut, c’est vraiment répondre à ce désir infini de vie infinie en nous offrant après le passage par la mort de pouvoir vivre pour toujours dans la lumière de son amour. Le passage de la mort restera un passage obligé pour que nous puissions être dépouilés, comme le dit Paul, du vieil homme afin que ce soit en hommes nouveaux que nous vivions éternellement avec le Bon Père du ciel. Puisque la foi chrétienne contient cette merveilleuse promesse, il est urgent que nous puissions conduire au Dieu de la Vie tous ceux qui sont habités par ce désir infini d’une vie infinie. Il faut que nous réussissions à la faire avant que les apprentis sorciers n’aillent trop loin.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons cette grâce, pour nous et pour tous les chrétiens, de pouvoir trouver les bons mots, d’avoir les bonnes attitudes, d’ouvrir les bons chemins pour conduire au Dieu de la vie tous les hommes habités par ce désir infini d’une vie infinie.

rituelle.