31 mai : Visitation de la Vierge Marie. Quand Paul brosse l’un des plus beaux portraits de Marie.
Dans toutes les lettres de St Paul, on ne trouve qu’une seule mention de la Vierge Marie et elle n’est que très allusive puisque, dans la lettre aux Galates, Paul mentionne, au passage, que Jésus « est né d’une femme ». Et pourtant c’est un passage de St Paul qui a été choisi en 1° lecture pour cette fête de la Visitation, un passage quine parle donc pas directement de Marie. Pourtant, en le méditant, je me suis dit que ce texte était comme l’un des plus beaux portraits de Marie, particulièrement de Marie en sa Visitation. Je voudrais donc reprendre l’un ou l’autre élément de ce texte pour voir comment il éclaire cette fête de la Visitation, célébrée au cœur de cette année jubilaire.
La lecture commençait par cette invitation : que votre amour soit sans hypocrisie. On peut dire que l’amour de Marie à l’égard d’Elisabeth, sa cousine, a été sans hypocrisie. Marie aurait pu faire envoyer un message en forme de télégramme à sa cousine pour lui dire : me réjouis de ta grossesse ; stop ; ne peut venir te visiter ; stop ; moi-même enceinte depuis peu ! Même si les télégrammes n’existaient pas à l’époque, elle aurait pu le faire et Elisabeth aurait très bien compris. Mais, comme c’est Jésus, le Fils de Dieu, tout amour, qu’elle portait en elle depuis l’annonciation, en visitant sa cousine Elisabeth, Marie a voulu manifester que l’amour, quand il est sans hypocrisie, donne véritablement des ailes et rend possible l’impossible. Quelle belle espérance pour nous qui, en sortant de chaque Eucharistie, portons Jésus, un peu comme Marie l’a porté, c’est-à-dire que nous aussi, nous portons l’amour, un amour sans hypocrisie, un amour qui pourra nous donner des ailes, un amour qui deviendra capable de rendre possible tant d’impossibles.
Et la lecture se poursuivait avec un verset extrêmement dense : Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit, servez le Seigneur, ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. Là encore, si nous fermons les yeux en écoutant ces paroles, nous n’avons pas de mal à voir le portait de Marie qui se dessine. Je reprends chacune des invitations de ce verset en les regroupant par deux.
- Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit. C’est parce que l’Esprit-Saint qui l’a couvert de son ombre à l’Annonciation est toujours actif en elle que Marie ne ralentit pas son élan, cet élan qui la conduit à visiter sa cousine alors qu’elle aurait pu avoir 1000 bonnes raisons de rester chez elle en ce début de grossesse. Quelle espérance encore pour nous qui sommes également habités par le St Esprit depuis notre baptême et notre confirmation et qui, en ces jours qui nous préparent à Pentecôte, prions pour que nous laissions vraiment agir cet Esprit qui nous habite. C’est lui, qui, à l’image de Marie, nous permettra de ne jamais ralentir cet élan de l’amour qui nous pousse à visiter les autres pour leur porter le Christ que nous ne cessons de recevoir d’Eucharistie en Eucharistie.
- Servez le Seigneur, ayez la joie de l’espérance. Là encore, ce à quoi Paul nous appelle, c’est ce que Marie a vécu, elle qui s’est présentée à l’ange comme la servante du Seigneur. Du coup, on peut vraiment dire que c’est le service du Seigneur qui nous tiendra dans la joie de l’espérance. Une hymne du bréviaire dit fort justement : servir Dieu rend libre comme lui ! Quelle belle promesse que cette promesse de liberté, car la liberté, tout le monde en rêve, mais c’est souvent d’une liberté dévoyée que les gens rêvent. La liberté que nous offre le service de Dieu, c’est la vraie liberté, celle qui nous permettra de choisir toujours le bien et de le choisir sans entraves. C’est sans doute cela la joie de l’espérance dont Paul parle et que Marie a vécu.
- Tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. Vraiment ce portrait de Marie est exemplaire car s’il y en a une qui a su tenir dans les épreuves, grâce à sa prière fidèle, c’est bien la Vierge Marie. Et c’est grâce sa prière fidèle, à son intercession fidèle que, nous-mêmes, nous pouvons tenir dans les épreuves.
La lecture continuait avec cette invitation : pratiquez l’hospitalité avec empressement. On pourrait penser qu’à la Visitation, c’est plutôt Elisabeth qui pratique l’hospitalité avec empressement en accueillant Marie. Oui, c’est vrai, mais ce verset décrit quand même l’attitude profonde de Marie. En effet, en allant visiter sa cousine, Marie a choisi de pas rester enfermée dans son propre bonheur, elle a voulu faire de la place dans son cœur pour accueillir la joie de sa cousine. Et c’est aussi cela l’hospitalité, faire de la place aux autres non seulement dans nos maisons mais aussi dans nos cœurs. Cela, nous le pouvons tous, même quand nos maisons sont petites, nos cœurs peuvent rester grands, grand ouverts. De ce point de vue, Marie est la Reine de l’hospitalité, c’est ce que nous montre la belle icône qui nous accueille à l’entrée du sanctuaire. Marie accueille sous son manteau de protection tous ceux qui cherchent une refuse sûr, elle accueille tous ceux que nous venons, par notre prière, placer sous son manteau de protection.
Pour ne pas trop allonger cette homélie, je n’irai pas jusqu’au bout de la méditation de cette 1° lecture, mais, au cours de la journée, vous pourrez prolonger et compléter ma méditation par la vôtre !
Il y a 2000 ans, c’est chez Élisabeth que Marie a été envoyée en visitation, aujourd’hui, c’est chez nous que le Seigneur l’envoie en visitation. Alors, selon le conseil que l’ange a donné à Joseph, n’ayons pas peur de la prendre chez ! En prenant Marie chez nous, elle nous aidera à reprendre son chant d’action de grâce, pour reconnaitre chaque jour, qu’en se penchant sur notre petitesse, le Puissant ne cesse de faire des merveilles pour nous.



