A l’Ascension, le ciel s’est ouvert, ce n’était pas la 1° fois. Il s’était déjà ouvert lors du mystère de l’Incarnation, quand le Seigneur avait répondu à cette prière insistante de son peuple qui ne cessait de lui dire : « Ah si seulement, tu pouvais déchirer les cieux et descendre parmi nous. » (Is 63,19) Dieu avait répondu, les cieux avaient été déchirés et en Jésus, Dieu-Emmanuel était venu habiter parmi les hommes. Mais j’ai envie de dire que, pendant tout le temps de l’Incarnation, les cieux s’étaient comme refermés. Il y avait bien eu par 3 fois la voix du Père qui s’était fait entendre, mais sans que les cieux ne s’ouvrent vraiment. En Jésus, Dieu était là et c’était déjà merveilleux … oui, mais merveilleux pour ceux qui habitaient en Palestine à cette époque et qui, en plus, avaient la grâce de croiser le chemin de Jésus.

Et les autres, et tous les autres ? Et tous les hommes de tous les temps, de tous les pays, n’auraient-ils pas droit, eux aussi, à vivre une rencontre avec le Seigneur ? Quand on voit, dans l’Evangile, ce que produisait une rencontre avec Jésus, on ne peut pas penser que Dieu ait pu se satisfaire de ce bien qui a été fait uniquement sur quelques kilomètres carrés de la terre et en plus, à un moment précis de l’histoire. Dieu, parce qu’il est l’Amour parfait, ne pouvait que rêver de plus grand, de plus universel. Il ne pouvait que rêver d’un Amour qui puisse rejoindre les hommes de tous les temps et de tous les lieux pour que cet Amour transformer leurs vies.

Eh bien, c’est exactement ce qui est rendu possible par la fête de l’Ascension. En montant au ciel, Jésus n’abandonne pas les hommes, c’est même tout le contraire ! D’ailleurs, cela est largement suggéré par le fait que Jésus disparait aux yeux des apôtres dans une nuée. Dans le Premier Testament, la nuée, c’est le moyen que Dieu avait choisi pour se rendre présent à son peuple dans le désert, pour accompagner la marche de son peuple dans le désert. La nuée est donc le signe de la présence,

Jésus qui monte dans une nuée, c’est donc tout le contraire de Jésus qui va se perdre dans les nuages pour devenir inaccessible comme s’il était parti pour une planète très éloignée. En disparaissant dans une nuée, c’est comme si les Ecritures manifestaient que la promesse faite par Jésus juste avant de partir s’accomplissait : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. » Tant qu’il n’était qu’en Palestine, cette promesse ne pouvait pas trouver son accomplissement, désormais, puisqu’il est auprès de Dieu, tout devient possible, il peut se rendre présent pour tous les hommes de tous les temps, de tous les lieux qui veulent bien l’accueillir. Jésus monte au ciel et le ciel, il est précisément partout, c’est ce qui nous entoure, Jésus peut donc accomplir sa promesse.

Le pape Benoit XVI avait eu, en son temps, une très belle explication de ce que l’Ascension de Jésus permettait, en termes de présence, pour Jésus. Il faisait le parallèle entre l’Ascension et le fameux récit de l’Evangile où Jésus marche sur les eaux pour rejoindre ses disciples, apeurés dans leur barque, secouée par une tempête terrible. (Mt 14,22ss). Rappelez-vous, il nous est dit dans ce texte que Jésus était monté sur la montagne pour prier et c’est alors qu’il se rend compte que ses disciples sont en grande difficulté et qu’il comprend qu’il lui faut absolument les rejoindre. Je vous lis ce que disait Benoit XVI, c’est tellement savoureux et je le commenterai ensuite pour que ça soit facile plus à comprendre.

« Le Seigneur semble être loin quand il est en prière sur sa montagne. Mais puisqu’il est auprès du Père, il les voit. » Pour Benoit XVI, c’est donc clair, c’est en étant auprès de Dieu qu’on voit le mieux ce qui se passe. Chercher la proximité de Dieu, ce n’est donc pas fuir la proximité avec les hommes, au contraire, c’est d’auprès de Dieu qu’on peut être le plus près des hommes. Je continue la citation : « Et puisqu’il les voit il vient à eux en marchant sur la mer il monte sur la barque avec eux et rend possible la traversée jusqu’à son but. »

Je reprends mon commentaire : nous le savons, parce que les Evangiles l’attestent pratiquement à chaque page, les yeux de Jésus sont directement reliés à son cœur. Il ne peut voir une quelconque misère sans se rendre proche pour agir. Puisque sur la montagne, auprès de Dieu, il a vu la difficulté dans laquelle se trouve ses apôtres, il va se rendre présent le plus vite possible et pour que ça ne traine pas, il marche sur les eaux.

Je reprends Benoit XVI : « C’est une image pour le temps de de l’Eglise qui nous est donc aussi destinée. Depuis son Ascension, le Seigneur est sur la montagne du Père, par conséquent il nous voit, par conséquent il peut à tout moment monter sur la barque de notre vie, par conséquent nous pouvons toujours l’invoquer et toujours être sûr qu’il nous voit et nous entend. Aujourd’hui aussi la barque de l’Eglise, avec le vent contraire de l’histoire, navigue à travers l’océan agité du temps. Souvent on a l’impression qu’elle va sombrer mais le Seigneur est présent et vient au moment opportun. Il nous dit : je m’en vais, mais, c’est pour mieux venir à vous ! C’est ce qui fonde la confiance des chrétiens et c’est la raison d’être de notre joie. » J’en ai terminé avec cette belle citation de Benoit XVI.

A l’Ascension, le ciel s’est vraiment ouvert mais pour ne plus jamais se refermer. C’est-à-dire que, désormais, le ciel et la terre sont inséparables. Pour reprendre l’image de Benoit XVI, on peut donc dire que, depuis la montagne de Dieu, Jésus voit tout et peut ainsi se rendre présent à chaque instant auprès de ceux dont la barque est trop chahutée.

Dans Astérix, on nous rappelle sans cesse que la grande peur des gaulois, c’était que le ciel leur tombe sur la tête ! Eh bien, à l’Ascension, le ciel nous est tombé sur la tête et c’est ce qui pouvait nous arriver de mieux ! Plus que jamais, nous devons donner le témoignage de personnes qui ne marchent plus avec un bouclier sur la tête pour se protéger au cas où le ciel leur tomberait sur la tête. Que notre vie soit un témoignage clair que c’est bien du ciel et du ciel seulement que peuvent tomber les grâces dont les hommes ont besoin.

Oui, depuis l’Ascension, le ciel est ouvert et il ne se refermera plus, le ciel et la terre sont désormais unis pour que nul ne puisse être privé de la présence du Seigneur, particulièrement quand, dans la barque de sa vie, il se retrouve en grande difficulté. Depuis l’Ascension, le ciel est ouvert et il ne se refermera plus pour que nous puissions tous, un jour, y être accueillis. La tradition spirituelle a fait de la Vierge Marie celle qui se tient à la porte du ciel pour mieux nous accueillir quand nous y parviendrons. Alors, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons de ne plus avoir peur du ciel comme en avaient peur nos ancêtres les gaulois car c’est du ciel que nous vient le meilleur, c’est au ciel que nous attend le meilleur.