13 octobre : 28° dimanche ordinaire
En écoutant l’Evangile, peut-être que certains se sont dit : ça y est, encore un texte avec lequel on va nous culpabiliser à propos des biens que nous possédons et puis cette invitation à tout quitter, à tout vendre et à le donner aux pauvres, c’est bon pour les curés, les bonnes sœurs, mais pas pour ceux qui vivent dans le monde et d’ailleurs les curés et les bonnes sœurs ne donnent pas tous, pas toujours l’exemple à ce niveau ! Je comprends tout à fait qu’on puisse avoir ce genre de réactions parce que, de fait, certaines homélies peuvent être culpabilisatrices, si elles ne le sont pas dans l’intention de celui qui les prononce, elles peuvent être reçues dans cette tonalité par ceux qui les écoutent. Alors, je veux tout de suite rappeler, parce que ça me tient tellement à cœur, que Jésus n’a jamais parlé pour culpabiliser. D’ailleurs le mot Evangile, qui est un mot grec, signifie « bonne nouvelle ». Le travail d’un prédicateur, c’est de faire ressortir la bonne nouvelle dans chaque texte qu’il commente ; même lorsque les paroles de Jésus sont exigeantes, il y a une bonne nouvelle à entendre, à accueillir, une bonne nouvelle qui veut nous apporter un plus dans nos vies. Et c’est particulièrement le cas avec l’Evangile d’aujourd’hui merveilleusement éclairé par la 1° lecture.
Les paroles exigeantes de Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui ne visent pas à proposer un idéal de vie réservé à une élite qui pourrait se passer de tout et vivre dans le dénuement le plus absolu, elles ne sont donc pas adressées à des candidats à la vie d’ermite ! Non, Jésus propose ces paroles, que je reconnais exigeantes, à quelqu’un qui vient lui voir pour lui demander : quel est le secret qui conduit à une vie pleinement épanouie, pleinement réussie, une vie en plénitude qui ne connaitra pas de fin en queue de poisson. Dites-moi, est-ce que vous n’auriez pas envie de connaitre ce secret ? Si vous êtes intéressés, ça vaut donc le coup d’écouter attentivement la réponse de Jésus en cherchant à comprendre le sens de ses paroles exigeantes.
Il ne vous aura pas échappé que la réponse de Jésus se fait en deux temps. Le premier temps, c’est une réponse pour ceux qui veulent une vie qui ne soit pas mal. Vous savez, comme quand on nous demande : est-ce que ça va et qu’on répond : ça va pas mal ! C’est déjà pas mal une vie qui n’est pas mal, mais il y a plus désirable qu’une vie pas mal, c’est une vie qui soit bonne ! Alors si on nous demande comment ça va et que ça va bien autant le dire et arrêter de dire : ça va pas mal !
– Donc, pour ceux qui veulent une vie pas mal, Jésus répond dans un premier temps : mets en application, les commandements les plus fondamentaux : Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. Vous aurez remarqué que Jésus ne cite que les commandements qui nous tournent vers les autres, c’est-à-dire que, ce secret d’une vie « pas mal » il l’offre aussi aux incroyants. Seulement voilà, l’homme qu’il a devant lui, il en veut plus parce que, cela, dit-il, il l’observe depuis sa jeunesse et sa vie n’a encore pas ce parfum de plénitude comme il l’espère secrètement au fond de lui.
– Du coup, Jésus lui dit, dans un 2° temps : puisque tu ne veux pas te contenter d’une vie « pas mal » je vais te donner le secret d’une vie bonne, pleinement réussie dans laquelle tout est plénitude. Et ce secret, ce n’est pas d’abord de tout quitter, de tout vendre, non, pas du tout ! Le secret, c’est de s’attacher à Jésus. Et il n’y a rien d’étonnant à cela puisque, dans l’Evangile, Jésus dira qu’il est le chemin, la vérité et la Vie, il dira encore qu’il est venu apporter la vie en abondance. Le secret est donc là pour tous ceux qui refusent donc de se contenter d’une vie « pas mal », il consiste à s’attacher à Jésus pour mieux le suivre. Oui, très bien, mais Jésus est réaliste, comment le suivre s’il y a dans ma vie des attachements qui m’empêchent de le choisir librement. Si j’ai des attachements, un fil à la patte, comme on dit, aujourd’hui, je ne peux pas le suivre ou je le suivrai juste avec la marge de liberté que me donne cette laisse qui m’attache ! Mais on comprend bien vite que tous ces fils à la patte que nous gardons ne nous permettront pas d’aller très loin.
Alors, interrogeons-nous en vérité : quel est le fil à la patte que je n’ose pas couper et qui m’empêche de m’attacher vraiment à Jésus pour le suivre en allant loin sur le chemin de l’amour, un chemin qui me conduira à la vie éternelle ?
Pour l’homme de l’Evangile, son fil à la patte, c’étaient ses richesses non-partagées, car ce qui fait problème, ce n’est pas la richesse mais le fait qu’elle ne soit pas partagée. Et Jésus prévient que ce fil, là de la richesse non-partagée, il est particulièrement répandu et qu’il ne laisse aucune marge possible pour le suivre. Et moi, quel est mon fil à la patte ? Peut-être que c’est aussi la richesse non-partagée, mais peut-être que c’est un autre fil ! C’est là qu’il faut demander la sagesse dont il était question dans la 1° lecture pour pouvoir clairement identifier mon fil à la patte. En effet, si je m’épuise à vouloir en supprimer un qui n’est pas si enfermant que ça, je risque de garder celui qui me fait perdre toute vraie liberté.
Mais je redis bien que couper ce fil à la patte qui gâche ma vie, ce n’est pas l’objectif final, ce n’est qu’un moyen. L’objectif final, c’est une vie pleinement épanouie, pleinement réussie, une vie en plénitude qui ne connaitra pas de fin en queue de poisson. Jésus dit que, tous ceux qui en prendront les moyens, la recevront cette vie en plénitude. Nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile,
une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple. Elle est étonnante cette promesse, car vous en connaissez beaucoup des placements qui rapportent 100 fois la mise ? Certes Jésus parle aussi de persécutions car ceux qui font des choix justes ne sont pas applaudis par tout le monde, mais ça n’enlève rien au centuple dès cette vie et à la promesse de vie éternelle.
Nous avons entendu ces belles paroles dans la 1° lecture : J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Eh bien, par l’intercession de Notre Dame de Laghet, prions pour que le discernement nous soit donné pour voir quels fils à la patte il nous faut couper et qu’ensuite, elle nous obtienne la force de le faire.