21 juillet : 16° dimanche ordinaire

Par Père Roger Hébert

Vous le savez sans doute, le 4° dimanche de Pâques, c’est le dimanche du Bon Berger au cours duquel nous prions pour les vocations et aussi pour les prêtres afin qu’ils vivent et agissent toujours plus à l’image de Jésus, bon berger. Eh bien, moi, je militerai volontiers pour que, parallèlement, l’Eglise institue un dimanche des bonnes brebis ! Et, ce dimanche des bonnes brebis, ça pourrait être justement ce dimanche ! En effet, si la 1° lecture et l’Evangile semblent nous parler des bergers, c’est pour mieux nous parler des brebis, de l’attachement du Seigneur à ses brebis et de sa tristesse, voire de sa colère, quand de mauvais bergers empêchent ses brebis de devenir de bonnes brebis, des brebis toujours meilleures.

Dans la 1° lecture, nous avons entendu le réquisitoire sévère que le Seigneur adresse, par la bouche du prophète Jérémie, à certains de ses pasteurs qui se conduisent de manière si lamentable. Hier, j’expliquais que, dans les Ecritures, à chaque fois que nous entendons le mot « malheur » nous pouvons le traduire par « malheureux ». Le Seigneur manifeste donc sa souffrance et même sa colère devant ces malheureux pasteurs qui font le malheur des brebis qui sont pourtant si précieuses à ses yeux. Qu’est-ce qu’il reproche à ces mauvais pasteurs ?

Le texte le dit explicitement : Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage. Il y a donc deux reproches qui sont énoncés :

  • 1° reproche : Vous laissez périr dispersez les brebis de mon pâturage. Si elles périssent, dépérissent, c’est qu’elles manquent de nourriture ou en sont, même, carrément privées ! Un pasteur, un berger, il doit apporter la nourriture à ses brebis. Dans le cas d’un berger d’Eglise, il doit apporter de la nourriture spirituelle aux brebis que le Seigneur lui a confiées. D’où la nécessité de soigner la préparation des homélies et de ne pas se contenter d’assurer le minimum en célébrant baptêmes, mariage et funérailles qui se présentent. Le berger doit apporter cette nourriture spirituelle qui empêchera ses brebis de dépérir. Mais, pour cela, il est nécessaire que le berger soit courageux et travailleur et qu’il connaisse ses brebis, qu’il soit à leur écoute pour percevoir leurs besoins.
  • 2° reproche : vous dispersez les brebis de mon pâturage. La brebis, on le sait est un animal craintif et dès que survient un danger, elle s’affole vite, elle a besoin de sécurité pour prospérer. Cette sécurité, seule, la présence du berger peut la lui apporter ! Ça parait évident, mais un berger toujours absent, toujours ailleurs que là, où sont ses brebis, ne pourra pas leur apporter la sécurité dont elles ont besoin et elles finiront par se disperser et parfois-même par suivre des bergers usurpant ce titre et les conduisant n’importe où.

Nous le comprenons facilement, si le Seigneur met si sévèrement en cause les mauvais bergers, c’est parce que ses brebis sont extrêmement précieuses à ses yeux et qu’il veut que pas une ne se perde ou dépérisse. Voilà pourquoi, j’aimerais un dimanche des bonnes brebis qui permettrait aux brebis de reprendre conscience de la valeur qu’elles ont aux yeux du Seigneur surtout quand elles finissent par en douter à cause des attitudes et propos méprisants de leur berger. Et ce dimanche des bonnes brebis pourrait être un dimanche pénitentiel pour nous tous, les bergers, pour demander pardon pour toutes les fois où nous ne sommes pas suffisamment de bons bergers. Ce dimanche pénitentiel pourrait tous nous relancer en reprenant conscience qu’en nous confiant ses brebis, le Seigneur nous a confié ce qu’il avait de plus précieux. Chacun de nous pourrait voir comment se ressaisir après avoir entendu ce terrible avertissement : Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur.

La lecture se terminait par cette promesse extraordinaire : Le Seigneur allait prendre, lui-même, les choses en mains pour s’occuper des brebis trop délaissées, il annonce aussi qu’il enverra de bons bergers, et nous entendons bien, ultimement, derrière cette promesse, l’annonce de l’envoi de Jésus. Seulement, voilà, Jésus est venu et les bergers ne sont pas tous aussi bons que le Seigneur aimerait qu’ils soient, c’est vrai et c’est un bien grand mystère dont l’actualité nous a encore parlé cette semaine avec les révélations sordides concernant l’abbé Pierre.

Quant à l’Evangile, il nous parlait du retour de mission des apôtres que Jésus initie au ministère de berger. Dimanche dernier, il les envoyait en mission et, là, ils en reviennent tout contents. Jésus leur propose immédiatement de partir à l’écart et de se reposer. Regardons ces 2 invitation :

  • Partir à l’écart. Jésus propose à ses disciples de prendre un peu de recul comme s’il voulait leur éviter de prendre la grosse tête. D’autres évangélistes détailleront plus les succès de cette 1° mission, Marc, comme à son habitude, reste sobre. Par cette invitation à aller à l’écart, Jésus veut les aider à relire spirituellement ce qu’ils ont vécu pour découvrir que c’est essentiellement le travail de la grâce qu’ils peuvent contempler dans cette réussite. Certes, ils ont collaboré en se donnant totalement dans la mission confiée et Jésus n’a sûrement pas manqué de les en féliciter, mais, ce temps de relecture spirituelle à l’écart devrait les aider à garder la tête froide/
  • Partir à l’écart et deuxièmement se reposer. On voit le bon berger qui prend soin de ces brebis si particulières que sont ses apôtres, particulières car elles sont, en même temps, brebis et bergers. La mission, ce n’est pas la légion : marche ou crève ! Seulement voilà, de repos, il n’y en aura eu que le temps de la traversée du lac : En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement ! On le voit bien, pour Jésus, la priorité restera toujours le soin des brebis. A chacun des bergers de voir ce que ça peut exiger de lui, concrètement, sans se tuer pour autant à la tâche.

Nous confions à l’intercession de Notre Dame de Laghet toutes brebis du Seigneur, si chères à ses yeux, particulièrement les brebis qui se sentent délaissées. Confions-lui aussi tous les bergers afin qu’ils deviennent toujours de meilleurs bergers en reprenant conscience qu’en leur confiant son peuple, le Seigneur leur a confié ce qu’il avait de plus précieux.