10 août : Dimanche 19° semaine. Le don du Royaume, un don qui engage.
Avez-vous goûté comme il convient la 1° parole de l’Evangile ? Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! Merveilleuse promesse ! Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume, alors, sois sans crainte, petit troupeau ! Il y a des personnes qui vivent dans l’angoisse en se demandant si elles seront sauvées, si elles goûteront la joie éternelle d’être avec Dieu. Alors, c’est particulièrement pour elles que Jésus dit : Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! J’aurais presque envie de faire un test, mais je ne le ferai pas ! J’aurais eu envie de poser cette question : que ceux qui ont la certitude de foi d’être sauvés lève la main. Mais je ne veux pas le faire parce que ceux qui n’arriveraient pas à y croire se seraient senti terriblement mal à l’aise ! Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume !
Ce n’est pas nous qui gagnerons notre ciel à coups de B.A., je traduis : bonnes actions. Dieu ne tient ni la comptabilité de nos bonnes actions ni celle de nos péchés. Quand nous paraitrons devant lui, il ne fera pas le total des B.A. et le total des péchés pour voir de quel côté penche la balance ! Si c’était le scénario du jugement final, alors, il y aurait de quoi flipper, mais non ! Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ! Et vous savez ce petit mot « bon » il est très fort dans la Bible. Dans le poème de la création, au 1° chapitre du 1° livre de la Bible à la fin de chaque jour, quand Dieu contemple ce qu’il a créé, il est dit : Dieu vit que cela était bon ! Ce mot « bon », on pourrait aussi le traduire par conforme : quand Dieu voit ce qu’il a créé, il dit : c’est bon, c’est-à-dire, c’est parfaitement conforme à ce que je voulais ! Alors quand Jésus dit : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume, il dit que donner le Royaume, c’est parfaitement conforme à la volonté de Dieu. Et comme Dieu ne change pas d’avis comme de chemise, ce que Dieu a voulu dans le passé, il le veut encore aujourd’hui et il le voudra toujours ! Sois donc sans crainte, petit troupeau ! J’espère que ça enlève un poids à ceux qui n’auraient pas pu lever la main pour répondre à la question que je voulais poser !
Oui, tout cela est bien beau, mais alors pourquoi la suite de l’Evangile n’était pas sur cette même tonalité ? D’abord pourquoi y a-t-il cette invitation à vendre tout ce qu’on a et à tout donner en aumône ? Ensuite, pourquoi y a-t-il quasiment des menaces avec cette annonce que le Seigneur viendra exprès au moment où on ne s’y attend pas et que ceux qui ne seront pas clean recevront des coups de bâtons ? Jésus a-t-il eu raison de dire sois sans crainte, n’aurait-il pas dû dire plutôt : méfie-toi, ça risque de chauffer ? Non, Jésus ne peut pas se contredire, il a dit : Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume et c’est à partir de cette parole qu’il nous faut interpréter le reste du texte.
D’abord, soyons clairs, dans l’invitation à tout vendre et à tout donner, Jésus ne met pas des conditions à l’obtention du Royaume. Il nous invite simplement à nous préparer, à nous entrainer pour que nous ne soyons pas trop déphasés lorsque nous entrerons dans le Royaume où tout ne sera qu’amour gratuit donné et reçu dans la gratitude. Si jusqu’à la fin, nous vivons les doigts accrochés à nos richesses, petites ou grandes, nous allons avoir beaucoup de mal à nous adapter ! Si jusqu’à la fin, nous vivons uniquement préoccupés de nous-mêmes, de l’image que nous donnons, de notre réputation, nous allons avoir beaucoup de mal à nous adapter ! Et, alors, il nous faudra un plus long stage d’adaptation et de dépouillement qui sera forcément plus douloureux et c’est ce qu’on appelle le purgatoire. Pour ne pas être trop déphasés, préparons-nous, comme Jésus nous le demande. Et soyons vigilants, ne disons pas trop vite : oh moi, je n’aurai pas de problème, j’ai tout donné, je suis tout donné ! Jésus nous propose un test imparable : là où est ton trésor, là est ton cœur ! Je traduis : à quoi tu passes le plus de temps ? Qu’est-ce qui mobilise le plus ton énergie ? Quels sont tes grands désirs ? Réponds lucidement et en vérité ! C’est là où tu mets ton cœur, ton énergie que se situe, en fait, ton trésor, il n’est pas forcément là où tes déclarations généreuses le situent mais dans ce qui te mobilise le plus … peut-être est-il donc salutaire de ne pas faire l’autruche et de reconnaître lucidement que le Seigneur n’est pas toujours notre vrai trésor.
Quant à la venue du Seigneur qui pourrait nous surprendre, n’allons surtout pas imaginer que le Seigneur va chercher à nous piéger en regardant par le trou de la serrure de nos vies pour mieux nous surprendre en flagrant délit ! Non, ce n’est pas ça du tout ! En méditant ce texte m’est revenu en mémoire ce qui nous est arrivé avec Sr Marie-Agathe lors du congrès international des recteurs de sanctuaire, l’année dernière à Rome. Le pape François devait venir nous rencontrer en fin de matinée et finalement, il est venu en début de matinée. J’imagine qu’il avait dû avoir une contrainte imprévue, mais il fait dire qu’il était trop impatient de nous rencontrer et qu’il avait décidé de venir plus tôt. Magnifique ! Oui, mais peut-être que certains s’étaient dit : il vient en fin de matinée, on a le temps et qu’ils en ont profité pour trainer dans des magasins ou à la basilique St Pierre, ceux-là, n’étant pas prêts ont raté la rencontre ! Eh bien, il en ira de même avec le Seigneur, en raison de son amour fou pour nous, il pourrait être impatient de nous rencontrer et devancer le jour de sa venue ou de notre rencontre avec lui. Seulement voilà, si nous agissons comme le mauvais serviteur de la parabole, ou comme ceux qui, au congrès de Rome, se sont dit : on a le temps, le rendez-vous risque d’être problématique ou carrément raté. Le mieux, pour être sûr de ne pas avoir de mauvaises surprises, c’est d’être comme les scouts, toujours prêts ! Si, comme le proposait Thérèse de Lisieux, avec ses mots à elle, nous mettons un maximum d’amour dans chaque instant de nos vies, alors nous ne serons jamais pris au dépourvu.
En venant à cette messe, nous accueillons le Christ, présent au cœur de notre assemblée, présent et agissant dans sa Parole que nous avons écoutée et dans le pain eucharistique que nous allons recevoir, il vient donc au plus intime de nous-mêmes, laissons-le transformer en nous tout ce qui doit l’être pour qu’il devienne véritablement le trésor de nos vies. Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette grâce de rendre féconde cette rencontre avec Jésus afin qu’il nous permette de mettre un maximum d’amour dans chaque instant de nos vies et ainsi d’être toujours prêts.?



