En ce Mercredi des Cendres à Laghet les pèlerins sont venus pour les enseignements du matin et de l’après-midi, pour prier et lire la Bible ensemble et surtout pour assister à la Messe avec l’imposition des cendres .

Mais surprise : en plus des cendres préparés pour l’occasion et bien visibles sur le banc de communion, il y avait sous l’autel des paniers avec des petits rouleaux blancs… On dirait des petits parchemins de l’ancien temps contenant un message important.

Le suspends durait jusqu’à la fin de la Messe et là Le Père Roger a donné à chacun cette missive. Nous étions un 14 février et il a expliqué qu’au cours de la fête de la St Valentin, les amoureux ont l’habitude d’échanger des lettres d’amour. Puisions-nous  accueillir cette lettre d’amour que Dieu, le plus ardent des amoureux nous adresse !  LIRE LA LETTRE

Homélie du Père Roger

Cette année, l’entrée en carême tombe le jour de la St Valentin ! Peut-être pourrions-nous accueillir cette coïncidence comme un cadeau du ciel qui pourrait donner une orientation à tout ce temps du carême qui s’ouvre devant nous. Comme je le disais à ceux qui ont participé à mon enseignement : il est possible que certains d’entre nous ne soient pas très enthousiastes quand ils voient arriver ce temps du carême ! Il pourrait y avoir deux raisons à ce manque d’enthousiasme.

  • La première c’est que, trop souvent, carême est synonyme d’efforts et nous pouvons être fatigués d’avoir toujours des efforts à faire !
  • Et la deuxième, c’est que, depuis le temps que nous vivons des carêmes, nous pourrions avoir l’impression que nos efforts ne nous ont pas beaucoup fait progresser. D’autant plus que ces bonnes résolutions que nous prenons en début de carême, nous savons d’avance ce qu’elles risquent de devenir dans 15 jours ou 3 semaines !

C’est justement là que le fait que nous entrions en carême le jour de la St Valentin peut nous aider à renouveler notre manière d’aborder et de vivre ce temps du carême. Peut-être que, cette année, le Seigneur nous supplie, comme un amoureux trop souvent délaissé, et qu’il nous dit : oublie tes efforts, tes résolutions et occupe-toi plus de moi, retrouve un cœur brûlant d’amour pour moi !

Imaginez un fiancé et une fiancée qui auraient été séparés depuis plusieurs mois. Imaginez qu’ils aient l’immense joie de pouvoir enfin se retrouver, vous croyez que la priorité des priorités pour eux, serait de passer toutes les premières semaines de leurs retrouvailles à surveiller leur régime alimentaire ? Mais non, ils vont profiter de la présence de l’autre qui leur manquait tant, ils vont aller se promener ensemble, ils vont prendre des grands moments d’échange, ils ne se lâcheront plus la main.

Eh bien, mes amis, si nous sommes lucides, nous pouvons tous constater que nous nous éloignons régulièrement du Seigneur. Alors, le temps du carême, devrait être, précisément, ce temps que nous offre l’Église pour nous rapprocher de Lui. Nous sommes invités à resserrer nos liens, à retrouver une intimité plus grande avec le Bien-Aimé. C’est ça la priorité, et il me semble que c’est bien plus important que de surveiller notre régime alimentaire et de nous fixer un tas d’efforts à accomplir. Imaginez encore nos deux fiancés qui se retrouvent, si l’un des deux ne cesse de dire à l’autre : tu m’aideras à moins manger de chocolat, tu m’aideras à faire plus ceci et moins cela … L’autre au bout d’un moment lui dira : mais quand est-ce que tu vas arrêter de penser à toi, de parler de toi pour t’occuper vraiment de moi ? Quand est-ce qu’on aura des moments l’un pour l’autre avec une vraie qualité de présence, pas vécue à la va-vite entre deux portes ? J’ai l’impression qu’en ce mercredi des Cendres qui est aussi la fête de la St Valentin, c’est ce que le Seigneur nous dit.

Pour autant, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas à envisager une certaine ascèse. Mais elle ne doit pas devenir la finalité du carême, elle est juste un moyen pour nous rapprocher du Seigneur. Pour bien me faire comprendre, je voudrais vous raconter cette histoire qui concerne Michel-Ange. On dit qu’un jour, il se promenait avec un enfant, au bout d’un moment, ils arrivent devant un bloc de marbre. Michel Ange s’arrête, le regarde bien et dit à l’enfant : tu vois, dans ce bloc de marbre, il y a un ange qui est caché, et je vais l’aider à sortir ! Il fit emmener le bloc de marbre dans son atelier et se mit à sculpter. Au bout de quelques jours de travail, il n’y avait plus un bloc, mais un ange magnifique. Et l’enfant, complètement stupéfait, lui demanda : mais comment tu savais qu’il y avait un ange dans ce bloc ? L’histoire ne dit pas si Michel-Ange a expliqué à l’enfant qu’en fait, il n’y avait pas d’ange caché dans le bloc ! Peut-être, lui a-t-il expliqué que, lorsqu’on est artiste, on voit tout de suite ce qu’on pourrait faire avec un bloc de pierre ou avec un morceau de bois.

Eh bien, mes amis, Dieu est un artiste encore plus génial que Michel-Ange, alors quand il se promène au milieu de nous, il voit tout de suite qu’il y aurait moyen, dans les blocs que nous sommes, de faire apparaître de magnifiques anges ! Parce qu’il nous aime d’un amour infini, tout au long du carême, avec notre collaboration, il voudrait nous reprendre en main, nous sculpter !

Il voudrait enlever ce qui cache l’ange, ce qui fait de nous des blocs de marbre un peu trop bruts de décoffrage ! Car nous sommes trop souvent froids comme du marbre ! En effet, Dieu nous supplie de lui accorder plus de temps et nous restons sourds à ses appels. Les 2/3 de l’humanité vivent dans des conditions inhumaines et ça nous laisse trop souvent de marbre ! A notre porte, des personnes traversent de grandes galères et ça nous laisse trop souvent de marbre !

Avec tout ça, on pourrait se demander comment Dieu arrive encore à voir, dans chacun de ces blocs de marbre que nous sommes, un ange qui se cache ? En fait, Dieu n’a pas à se forcer pour deviner que dans chaque bloc, un ange se cache ; il le sait ! En effet, depuis notre Baptême, nous sommes tous devenus des créatures nouvelles, un peu comme des anges. Mais, à cause de nos médiocrités quotidiennes, à cause de nos petites ou grosses compromissions avec le mal, il y a une couche de médiocrité, de plus en plus épaisse, qui se dépose et l’ange du Baptême finit par être tellement recouvert qu’on ne voit même pas une plume qui dépasse du bloc !

C’est pour cela que chaque année, l’Église nous offre ce beau cadeau qu’est le carême : c’est pour que Dieu, les autres et nous avec, puissent à nouveau voir les plumes de l’ange ! Toutefois, à l’inverse de Michel-Ange, Dieu ne va pas faire le travail de sculpture tout seul, parce qu’il nous aime, il ne fera rien sans notre consentement d’abord et sans notre participation ensuite. Et, comme Dieu adore les défis, il nous donne et il se donne juste 40 jours pour réussir le travail. Rassurons-nous, Dieu ne nous dit pas : débrouillez-vous, je reviens dans 40 jours et vous avez intérêt d’avoir fini ! Non ! Il va travailler avec nous et pour nous en nous offrant trois outils particulièrement efficaces pour réaliser le travail, il s’agit de la prière, du jeûne et de l’aumône.

J’aime bien cette parole qui dit : la sainteté s’obtient comme la sculpture par l’art d’enlever. Donc, pour avancer sur le chemin de la sainteté, pour finir par faire ré-émerger ces anges que la médiocrité a fini par recouvrir, Dieu nous donne ces trois outils qui, au long des siècles, ont fait leur preuve parce qu’ils nous permettent de tailler.

  • Commençons par l’aumône ou, en utilisant un terme plus actuel, le partage. Partager, c’est tailler dans mes biens, c’est déjà enlever ce qui est en trop et ce qui risquerait de me donner de faux appuis.
  • Vient ensuite la prière. La prière, elle me permet de me recentrer sur l’essentiel. Le temps que je passe à prier, c’est un temps qui peut apparaître un peu comme du temps perdu, en fait, c’est du temps donné. Or, vous savez bien que c’est de cette manière-là qu’on manifeste, de la manière la plus vraie, notre amour à quelqu’un : c’est en lui donnant du temps. La prière va donc me permettre d’enlever toutes les préoccupations qui ne sont pas prioritaires. Elle taille dans notre suffisance en nous invitant à compter d’abord sur Dieu, à le mettre à la 1° place. La prière remet chaque chose à sa vraie place.
  • Vient enfin le jeûne ou de manière plus large, la maîtrise de soi. Quand on parle de jeûne, on pense immédiatement au jeûne de nourriture qui a toute sa valeur puisqu’il me permettra de ne pas accorder plus d’importance à la nourriture qu’elle n’en mérite et, par là-même, de partager. Mais il y a beaucoup d’autres points de jeûne comme le jeûne de tous nos écrans devenus envahissants ; ou encore le jeûne de paroles inutiles et pire, de paroles nocives.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de tailler et de laisser Dieu nous tailler pour que dans 40 jours, les célébrations pascales ne réunissent que des anges au plumes étincelants !